À la fin des années 1980, un Anglais ayant sauvé 669 enfants juifs des nazis vit avec le remords de ne pas en avoir sauvé davantage.

Invité à la populaire émission britannique That’s Life en 1988, Nicholas Winton, courtier anglais à la retraite, découvre avec émotion que la trentaine de personnes assistant à l’émission sont les enfants juifs qu’il a aidés à fuir Prague en train, en 1938, face à la menace nazie. Aujourd’hui, on estime à 5000 les descendants de ceux qu’on appelle les « enfants de Nicky ». De temps à autre, cet extrait tire-larmes ressurgit sur les réseaux sociaux et devient aussitôt viral.

One Life (Une vie, en version française), de James Hawes, réalisateur rompu aux téléfilms (Enid) et séries télé (Doctor Who), raconte une partie de la vie de cet homme courageux, incarné par un Anthony Hopkins à fleur de peau, et la façon dont ses gestes héroïques ont été découverts par sa femme Grete (Lena Olin, figée) 50 ans après les faits. Basé sur le livre If It’s Not Impossible... : The Life of Sir Nicholas Winton, publié par sa fille Barbara Winton en 2014, pour les 105 ans de celui qu’on surnomme le « Schindler britannique », le film reconstitue aussi de manière appliquée l’extrait de That’s Life.

PHOTO JULIE VRABELOVA, FOURNIE PAR VVS FILMS

Johnny Flynn dans Une vie, de James Hawes

Écrit par Lucinda Coxon (Danish Girl, de Tom Hooper) et Nick Drake (Romulus, My Father, de Richard Roxburgh), One Life suit en parallèle Winton au crépuscule de sa vie et en trentenaire (Johnny Flynn, honnête) vivant auprès de sa mère (Helena Bonham Carter, caricaturale). Hélas ! Hawes n’a rien d’un Steven Spielberg. De facture on ne peut plus conventionnelle, le film souligne à grands traits la culpabilité de l’homme hanté par le souvenir des enfants qu’il n’a pu sauver des mains des nazis et l’idéalisme du jeune courtier prêt à remuer ciel et terre pour réussir l’impossible. Bref, pour la nuance, on repassera.

D’ailleurs, dès que Winton s’apprête à replonger dans son passé, la musique sirupeuse de Volker Bertelmann, oscarisé pour la puissante bande sonore d’All Quiet on The Western Front (Edward Berger), dicte sans finesse les émotions du spectateur. Pis encore, aux scènes ternes et répétitives relatant le quotidien du courtier à la retraite succèdent des séquences où l’on reconstitue les camps de réfugiés à Prague, avec mignons enfants aux yeux de faon, comme s’il s’agissait d’un film Hallmark revisitant une page méconnue de l’Holocauste. Sir Nicholas Winton, ses alliés et ses protégés méritaient beaucoup mieux que ce film larmoyant et anecdotique.

En salle

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One Life (V. F. : Une vie)

Drame biographique

One Life (V. F. : Une vie)

James Hawes

Anthony Hopkins, Johnny Flynn, Helena Bonham Carter

1 h 50

5/10