Love Lies Bleeding (D’amour et de sang en version française) de Rose Glass (Saint Maud) est un joyeux cocktail de sexe, de sang, de violence et de vengeance, dans un emballage rétrokitsch irrésistible.

Le deuxième long métrage de l’autrice-cinéaste britannique de 34 ans raconte la passion amoureuse entre deux jeunes femmes à la fin des années 1980, contrariée par un contexte criminel particulier.

Lou (Kristen Stewart), qui gère une salle d’entraînement dans un village reculé du Nouveau-Mexique, est prise d’un coup de foudre pour Jackie (Katy O’Brian), ambitieuse culturiste sans le sou en route vers une compétition à Las Vegas. Jackie a un passé familial trouble et mystérieux, tout comme Lou, qui est la fille d’un trafiquant d’armes traqué par le FBI (Ed Harris). La relation entre les deux femmes aura des conséquences sanglantes.

Présenté en première mondiale au Festival de Sundance en début d’année puis au Festival international du film de Berlin en février dernier, Love Lies Bleeding marie avec bonheur et succès plusieurs genres : thriller romantique, film noir, comédie fantastique.

C’est une satire à la fois drôle, violente, enlevante et étonnante, qui rappelle tantôt le cinéma des frères Coen, tantôt celui de Michael Mann – en particulier pour son esthétique typique des années 1980 –, coupes Longueuil et musique de Bronski Beat à l’appui.

L’idylle entre Lou – diminutif de Louise – et Jackie n’est pas sans conséquences pour leur entourage. Jackie a trouvé du travail au club de tir du père de Lou, grâce à son beau-frère (Dave Franco), un mari violent et infidèle. Les tensions familiales s’en trouvent exacerbées, en particulier entre la fille et le père, déjà en froid.

PHOTO ANNA KOORIS, ASSOCIATED PRESS

Ed Harris dans Love Lies Bleeding

Film badass

Rose Glass et sa coscénariste Weronika Tofilska s’amusent à déconstruire les clichés (sur la famille, le couple, les stéréotypes de genre) et à jouer avec les codes du cinéma dans ce thriller romantique, queer et féministe, inventif, survitaminé et surréaliste, qui ne semble s’encombrer d’aucune contrainte (formelle ou de crédibilité du récit, notamment).

Kristen Stewart incarne avec sa retenue habituelle le mystère et l’anxiété face à sa vie qui bascule dans l’inconnu. Katy O’Brian impose avec son physique une présence magnétique. La chimie opère entre ces deux personnages impulsifs, au cœur d’une fiction pulpeuse comme on les aime, avec de l’humour sordide, de la violence gratuite et du sexe torride. « L’amour est ma drogue », chantait Bryan Ferry sur Love Is the Drug.

Rose Glass impose un rythme effréné et des idées folles à Love Lies Bleeding, film badass, complètement décomplexé, qui prend des risques et ne craint pas de se casser la figure. Pour notre plus grand plaisir.

En salle

Consultez l’horaire du film
Love Lies Bleeding (V. F. : D’amour et de sang)

Thriller romantique

Love Lies Bleeding (V. F. : D’amour et de sang)

Rose Glass

Kristen Stewart, Katy O’Brian, Ed Harris

1 h 44

7,5/10