Le riche héritier Félix (Jacob Elordi) et le réservé Oliver (Barry Keoghan), deux jeunes hommes que bien des choses séparent, se lient d’amitié à Oxford et développent une relation aussi intime que malsaine.

Bourré de défauts, Saltburn amène juste assez de bons moments pour ne pas complètement décevoir. Visuellement attrayant, réussi sur le plan de sa trame sonore, ponctué de très bons moments de jeu (merci notamment à Rosamund Pike, dans le rôle de la mère de Félix), le long métrage offre des soubresauts d’excellence dans une vaste étendue d’insipidité.

Lorsque défile enfin le générique, on a le sentiment qu’un visionnement de 2 heures 7 minutes est bien cher payé pour toute l’insatisfaction avec laquelle le film nous laisse. Et pourtant, tout au long, on est parfois diverti, amusé, intrigué et même sincèrement captivé. Les deux acteurs principaux font très bien dans leurs rôles, tout comme leurs compagnons de jeu, dont Alison Oliver, Carey Mulligan et Richard E. Grant.

Mais quel étrange objet que ce second film de la réalisatrice Emerald Fennell, qui nous avait donné le spectaculaire et oscarisé Promising Young Woman. Et pas forcément dans le bon sens du terme « étrange ». Car cela aurait pu être le cas et c’était même probablement l’objectif. Au final, ce qui aurait pu tomber dans le mile est surtout décevant. Double déception : la critique sociale à laquelle on s’attend n’arrive jamais. Si toute la première partie du film laisse planer l’arrivée un intense revirement de situation, lorsque celui-ci survient enfin, on est d’abord absorbé puis, peu à peu, de plus en plus désenchanté.

Le principal problème avec Saltburn : le fait qu’il soit improbable ne s’inscrit pas dans une démarche narrative ou stylistique quelconque. Ou du moins, si c’est le cas, ladite démarche nous échappe complètement. On ne saisit pas tout à fait pourquoi ou comment les personnages font ce qu’ils font. La conclusion du film en devient ainsi grandement insatisfaisante.

L’érotisme décalé et toujours planant, qui veut déranger, est d’abord divertissant, puis atteint son point culminant dans l’un des moments de cinéma les plus malaisants qu’il nous a été donné de voir. La scène, comme plusieurs autres, est frappante. Mais, comme plusieurs autres, elle n’amène pas grand-chose d’autre que cela.

Sans être inintéressant, Saltburn est trop long, trop décousu et trop peu crédible.

Saltburn

Thriller psychologique

Saltburn

Emerald Fennell

Avec Jacob Elordi, Barry Keoghan, Rosamund Pike et Carey Mullingan

2h07

6/10