La vie parfaitement maîtrisée d’une pilote de ligne est complètement chamboulée par la rencontre fortuite d’une ancienne amoureuse.

La vie d’Estelle (Diane Kruger) est réglée au quart de tour. Commandante de bord, elle est aussi précise dans son cockpit que lorsqu’elle se fait un smoothie, sort courir ou ajuste la climatisation de sa luxueuse maison sur la Côte d’Azur.

Par hasard, elle croise à l’aéroport Anna (Marta Nieto), une femme avec qui elle a vécu une grande passion, il y a 20 ans. À partir de cet instant, la maîtrise de fer qu’elle exerce sur son existence s’affaiblit graduellement. À mesure que l’emprise d’Anna s’accentue, les prémonitions qui hantent la pilote s’intensifient et ont pour effet de la plonger dans un délire paranoïaque. Tout devient une menace, incluant son mari (Mathieu Kassovitz).

Le réalisateur Yann Gozlan (Boîte noire, Un homme idéal), qui est également coscénariste, a construit son thriller sur de bonnes bases. Grâce à de courtes scènes, on comprend immédiatement que les rigueurs d’un métier si exigeant nécessitent une discipline qui déteint sur tous les aspects du quotidien. Le rythme de vie d’Estelle est intense, mais nous apparaît « normal » dans les circonstances. On s’imagine aussi aisément qu’une perturbation imprévue peut engendrer une cascade de conséquences désastreuses, comme dans un avion.

Diane Kruger (Inglourious Basterds, Hors de nulle part) joue le rôle à la perfection. On croit autant à la force de son équilibre qu’à sa fragilité. Sa chute est fascinante, car son désir de libération est légitime. Bien qu’en surface, elle ait tout pour être heureuse, on compatit avec son déchirement puisqu’elle se permet des émotions qu’elle avait remisées depuis des années. La puissance de l’attraction entre elle et Anna est également bien évoquée, toujours davantage suggérée que montrée.

Là où le récit dérape, c’est lorsque ses visions en font tout autant. À un certain point, on ne sait plus s’il s’agit de rêves ou de fabrications de son esprit. De plus, la chronologie devient floue, ce qui a pour effet d’ajouter à la confusion. L’objectif était sans doute de nous placer dans la tête d’Estelle, mais le jeu de Diane Kruger était bien assez suffisant pour ressentir la détresse grandissante de son personnage.

La réalisation est aussi quelque peu conventionnelle par rapport à l’effet recherché. La musique de Philippe Rombi est également plutôt sobre. Il y a une tension, certes, mais rien de très inquiétant.

La curiosité nous pousse à poursuivre notre visionnement. Le dénouement tente de nous épater, mais n’est pas aussi génial qu’il le prétend.

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Visions

Thriller

Visions

Yann Gozlan

Avec Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto

2 h 03
En salle

6/10