Lors de retrouvailles familiales, une scénariste irano-américaine découvre qu’elle partage plusieurs points communs avec sa mère.

Seule fille d’une famille de neuf enfants, Leïla (Layla Mohammadi, fougueuse) a partagé son enfance entre l’Iran et les États-Unis jusqu’à ce que ses parents fuient leur pays natal dans les années 1980. Scénariste, lesbienne, enceinte d’un acteur anglais interprétant le rôle principal dans Hedwig and the Angry Inch Off-Broadway (Tom Byrne), la trentenaire croit être une déception aux yeux de sa mère Shireen (Niousha Noor, impériale). Tandis que toute sa famille est au chevet de son père à l’hôpital, Leïla apprend de sa grand-mère (Bella Warda, truculente) de douloureux secrets que lui cache Shireen, femme attachée aux traditions devenue prospère agente immobilière pour payer les frais médicaux.

D’origine iranienne, la réalisatrice et scénariste américaine Maryam Keshavarz, à qui l’on doit Circumstance, drame sensuel campé en Iran relatant une liaison entre deux jeunes filles, puise dans ses propres souvenirs pour signer une pimpante comédie dramatique sur une relation conflictuelle entre une mère et sa fille. Se voulant un hommage au courage des femmes iraniennes d’hier et d’aujourd’hui, The Persian Version raconte sur une cinquantaine d’années le destin de deux femmes au caractère bien trempé aux prises avec la pression familiale, les conventions sociales et les traditions ancestrales.

S’attachant d’abord aux tribulations de Leïla, la cinéaste s’amuse à se faire affronter les cultures et les générations dans de brèves scènes d’un humour décalé au gré d’un montage tonique. Avec un aplomb conquérant et un délicieux sens de l’autodérision, l’héroïne, qui fait son entrée en flamboyant burkini lors d’une fête costumée bien arrosée, perce le quatrième mur pour nous balancer ses réflexions parfois pétries de contradictions.

À mi-parcours, tandis que Maryam Keshavarz passe le relais de la narration à la jeune Shireen (Kamand Shafieisabet, émouvante), le ton se fait plus dramatique, l’ambiance joyeusement festive devient morose et le rythme décélère légèrement. Exit les charmantes scènes où les deux cultures cohabitent dans la joie, dont celle où toute la famille danse sur Girls Just Wanna Have Fun – chanson de Cindy Lauper joliment reprise en persan durant le générique de fin. Si cette rupture de ton surprend et fait craindre que le film, prix du jury et du scénario à Sundance, verse dans le mélo larmoyant, force est de constater que ce contraste saisissant entre ces deux destins qui se font écho donne plus de profondeur à ce classique mais savoureux récit familial.

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The Persian Version

Comédie dramatique

The Persian Version

Maryam Keshavarz

Layla Mohammadi, Niousha Noor, Bella Warda

1 h 47
En salle

6,5/10