À l’instar de Barbie, Gran Turismo n’est pas – entièrement – le film que l’on pourrait s’imaginer d’emblée. Bien que son titre soit tiré de la populaire série de jeux vidéo sur PlayStation et que le point de départ de l’intrigue se situe dans ce monde, l’action se déplace rapidement sur l’asphalte. Et c’est tant mieux !

Inspiré d’une histoire vraie, le scénario de Jason Hall (American Sniper) et de Zach Baylin (Creed III) raconte le parcours improbable du Britannique Jann Mardenborough, qui est passé du statut d’un des meilleurs joueurs de Gran Turismo du globe à celui de pilote de course professionnel. Il est incarné par Archie Madekwe (Midsommar, la série See), qui rend avec conviction la poursuite d’un rêve et la dure réalité lorsque vient le temps de le réaliser.

Sans être moins convaincante, la relation entre Jann et sa famille est quelque peu convenue. Après une longue carrière de footballeur, Steve Mardenborough (Djimon Hounsou) supporte difficilement de voir son fils aîné rivé à sa console et aspirer à une vie qu’il estime impossible. Sans surprise, il exprimera sa fierté à son fils juste avant l’épreuve ultime. On se demande où se cachait cet amour avant ce beau moment. Au moins, sa mère (Geri Halliwell-Horner) est plus généreuse en la matière lors de ses brèves apparitions.

La famille, les amis et la copine se retrouvent vite dans le rétroviseur, car Gran Turismo démarre en trombe. Jann remporte une course virtuelle qui lui permet de participer à GT Academy, une émission de téléréalité dans laquelle de jeunes as du jeu vidéo s’affrontent dans l’espoir d’obtenir une place sur la ligne de départ d’une véritable course. Danny Moore (Orlando Bloom, insipide), du service du marketing chez Nissan, est à l’origine de cette idée folle d’amener des coureurs de salon sur la piste.

PHOTO GORDON TIMPEN, FOURNIE PAR SONY PICTURES

Archie Madekwe (Jann Mardenborough) et David Harbour (Jack Salter) dans Gran Turismo

Pour concrétiser son projet ambitieux, il fait appel à Jack Salter, un ancien pilote maintenant grognon et éteint. David Harbour (Black Widow, Stranger Things) excelle dans le rôle d’un homme dont le scepticisme et l’amertume sont graduellement remplacés par une passion renouvelée en côtoyant la détermination et le potentiel du jeune Jann. On adopte son point de vue qui évolue en même temps que le nôtre et qui nous accorde le « droit » de nous émerveiller dans l’univers du sport automobile. C’est ce que la réalisation de Neil Blomkamp (District 9, Demonic) fait de mieux, en plus des courses, des plus spectaculaires.

La courbe avant la dernière ligne droite

Le rythme effréné du début ralentit en milieu de parcours afin de prendre le temps de montrer la nouvelle vie de Jann, ses difficultés derrière le volant, et de bâtir la complicité entre Jack et lui. L’ensemble est réussi, mais s’étire et se répète.

Le tournant se produit lorsque Jann est victime d’un grave accident en Allemagne, qui tue un spectateur. Sa représentation dans le film est d’ailleurs controversée, car Jack fait un parallèle avec une expérience similaire afin de redonner confiance à son poulain. Toutefois, le véritable accident a eu lieu alors que Jann était pilote professionnel depuis quelques années, et non au début de sa carrière.

Gran Turismo nous amène au fil d’arrivée avec la mythique course des 24 heures du Mans. La famille, la petite amie et les amis de GT Academy sont de retour pour ce dernier acte délicieux. On sent le poids de l’épreuve, la tension dans les puits, l’amour des proches, la vitesse des bolides, la précision des manœuvres et, surtout, l’adrénaline que procure un tel défi.

La direction photo de Jacques Jouffret (les trois premiers The Purge) est irréprochable, tout comme la conception sonore et le montage. Nous n’avions pas vu une course aussi enlevante au grand écran depuis longtemps. On sort de la salle gonflé à bloc avec une envie irrépressible de prendre la route en écoutant Black Sabbath… ou Kenny G.

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Gran Turismo

Action

Gran Turismo

Neil Blomkamp

Avec Archie Madekwe, David Harbour, Orlando Bloom

2 h 15
En salle

7/10