Dans un futur dystopique, une nation asexuée et immortelle appelée bio-titan planifie d’abandonner sa planète ravagée par la pollution. Son plan est mis en péril par un calligraphe qui se lance dans une odyssée improbable.

La réputation de Theodore Ushev n’est plus à faire. Ses magnifiques courts métrages d’animation comme Vaysha, l’aveugle et Physique de la tristesse ont conquis les cinéphiles du monde entier par leur évocation poétique et personnelle.

Tourné en Bulgarie et scénarisé par Vladislav Todorov qui a adapté son propre roman, Phi 1.618 (le nombre d’or, qui renvoie ici à la quête divine de perfection des bio-titans) offre une véritable rupture dans sa filmographie. Non seulement il s’agit de son premier long métrage, et en prises de vues réelles de surcroît, mais le résultat contraste aussin avec ses opus précédents, bien que les thèmes abordés soient similaires (le joug du totalitarisme) et que l’on retrouve quelques superbes segments animés.

Il s’agit plutôt d’une création ludique où le réalisateur voulait se faire plaisir en conviant l'esprit de tout ce qui l’inspire. Le récit, qui aurait facilement pu être muet, démarre comme un vieux film de propagande avant d’embrasser des propensions plus philosophiques et lyriques. Puis soudainement, il flirte avec le surréalisme, l’expressionnisme, la série B gore et la romance kitsch avant de se redéfinir de nouveau. On pense au duo Jeunet/Caro ou, plus près de chez nous, à Olivier Asselin.

D’incessantes ruptures de ton qui ne sont pas toujours bien agencées à l’ensemble. Les différents segments – comme celui dansé sur une mélodie imparable de Marie Davidson – nous surprennent et nous séduisent constamment. Sauf que le projet ressemble parfois davantage à une succession de courts métrages disparates. Cela se fait ressentir sur les dialogues qui manquent de finition et sur le jeu artificiel des comédiens.

Cette faiblesse narrative est compensée par une vision esthétique qui en fait beaucoup avec un budget limité. La mise en scène du cinéaste ne manque pas d’ambition, troquant les lieux clos de l’introduction pour faire découvrir un incroyable univers de science-fiction, où l’architecture soignée évoque le brutalisme.

Fascinant et frustrant tout à la fois, Phi 1.618 ne laissera personne indifférent avec son côté punk. Si l’essai flirte avec l’exercice de style, cela fait du bien d’assister à un cinéma qui ose toujours plus.

En salle

Consultez l’horaire du film
Phi 1.618

Science-fiction

Phi 1.618

Theodore Ushev

Deyan Donkov, Martina Apostolova, Irmena Chichikova

1 h 36

6,5/10