Après avoir perdu son amoureux de manière tragique, une illustratrice endeuillée tente d’adoucir sa peine en envoyant des messages textes au vieux numéro du défunt, sans savoir qu’un journaliste chargé d’écrire un article sur Céline Dion les reçoit.

Deux films. Deux tentatives d’hommage complètement différentes. Même résultat tiède. Deux ans après Aline, ce film biographique onirique et malaisant signé Valérie Lemercier, Céline Dion s’inscrit au cœur d’un nouveau long métrage peu convaincant. Mais cette fois, bonne nouvelle, son accent n’est massacré par aucune autre actrice puisqu’elle campe son propre rôle.

Avant d’expliquer les raisons pour lesquelles Love Again passera incognito au box-office, précisons une chose : Céline n’y est pour rien. Bien qu’en raison du scénario de Jim Strouse (qui assure également la réalisation), l’artiste québécoise joue une version édulcorée d’elle-même, en économie d’énergie, elle s’en sort bien. Son ton est juste. Et chaque fois qu’elle évoque René Angélil (parce qu’effectivement, ses répliques ont été écrites sur mesure pour elle), la reine de Las Vegas dégage beaucoup de sincérité. Quand elle raconte avec nostalgie son premier baiser avec l’imprésario, dans les coulisses de l’Eurovision en 1988, on y croit.

Malheureusement, c’est ici qu’on arrête de vanter les mérites de Love Again, qu’on pourrait décrire comme une pâle copie de You’ve Got Mail, ce classique hollywoodien des années 1990 dans lequel Meg Ryan et Tom Hanks correspondaient anonymement par courriel. Cette fois, les messages circulent par textos, des textos similisensibles, génériquement ésotériques et lourdement dépressifs, comme : « J’ai le cœur brisé. Je porte en moi une douleur immense, blablabla... » Devant pareille trâlée de phrases clichées, semblant sortir d’une power ballade de seconde zone, une personne normalement constituée aurait immédiatement bloqué le numéro de téléphone en question, mais pour une raison obscure, notre destinataire accidentel (joué par Sam Heughan) succombe. Un garçon pas comme les autres, apparemment.

PHOTO FOURNIE PAR SONY PICTURES

Céline Dion dans Love Again

Les codes du genre

Love Again respecte la plupart des codes propres aux comédies romantiques : une séquence de danse impromptue en public, des personnages secondaires colorés, un fâcheux malentendu, une trame sonore riche en violons, etc. L’offrande des studios Sony Pictures présente toutefois une carence importante en blagues, un ingrédient pourtant essentiel au genre : des rires. Les producteurs ont beau recourir aux services du conjoint de Priyanka Chopra Jonas, le chanteur Nick Jonas, pour jouer une blind date ultra-douchebag, rien n’y fait. Comme Zora, tout au plus, on sourit. Le reste du temps, on combat l’ennui.

Et surtout, évitons d’aborder les invraisemblances du récit (adapté d’un roman de l’écrivaine allemande Sofie Cramer), comme lorsque Céline Dion écoute religieusement un reporter déballer ses déboires amoureux pendant son temps d’entrevue. Le tout, assise à terre et pieds nus. La vraie Céline (ou toute autre célébrité) n’aurait jamais enduré pareille logorrhée... à moins d’avoir dansé dans sa tête pendant toute sa durée.

Pour ses débuts au cinéma, la chanteuse méritait mieux qu’une bluette sentimentale aux 50 nuances de beige.

En salle

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Love Again (V. F. : Aimer à nouveau)

Comédie romantique

Love Again (V. F. : Aimer à nouveau)

Jim Strouse

Avec Priyanka Chopra Jonas, Sam Heughan et Céline Dion

1 h 44

5/10