Trois histoires s’entremêlent sur fond des nouvelles de la catastrophe de Fukushima : une femme quitte soudainement son mari, un homme nouvellement célibataire se pose des questions existentielles et un employé de bureau anxieux reçoit la visite d’une grenouille géante.

Pour son premier long métrage, le réalisateur français Pierre Földes a fait le pari d’enchevêtrer six nouvelles tirées d’un recueil d’Haruki Murakami. L’œuvre de l’écrivain japonais le plus lu de son époque allie l’ordinaire à l’extraordinaire, et cette adaptation le rend fort bien. Mais comme c’est souvent le cas lorsqu’on tisse un récit inutilement complexe, Saules aveugles, femme endormie s’avère inégal.

Le film chemine par chapitres, alternant les histoires dans une structure narrative qui peut déstabiliser de prime abord, mais à laquelle on s’habitue somme toute rapidement. Le séisme et le tsunami qui ont sévi au Japon en 2011 servent d’expériences communes reliant les protagonistes, chacun plongé par ces catastrophes dans de grandes périodes d’introspection et de remises en question. Pour les accompagner dans leurs aventures oniriques, des animaux totémiques font des apparitions, ajoutant à l’atmosphère étrange et mystérieuse.

Frog, la grenouille anthropomorphe douée de parole qui exhorte Katagiri à lutter contre un ver géant logé dans les entrailles de Tokyo afin de prévenir un tremblement de terre, est un personnage exquis et hilarant. Le batracien philosophe cite Nietzsche et pousse l’agent de recouvrement à s’interroger sur le sens de sa vie et à rompre avec le quotidien routinier.

IMAGE FOURNIE PAR GEBEKA FILMS

Scène de Saules aveugles, femme endormie

Malgré des moments de grâce, l’ensemble du film nous paraît trop long et certaines séquences, nettement moins intéressantes que d’autres. Notons entre autres une histoire de romance adulescente sans intérêt qui vient briser le rythme et qui nous fait sourciller, la représentation féminine étant campée dans les archétypes.

Földes est également auteur de la bande sonore, vaporeuse et minimaliste, qui accentue l’impression de flotter en périphérie de la réalité. L’animation est un médium parfait pour exprimer l’imagination de Murakami et incarner le réalisme magique qui caractérise son œuvre. Saules aveugles, femme endormie saura plaire aux adultes amateurs du Studio Ghibli qui aiment les fables légèrement tordues et les films sans début ni fin.

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Saules aveugles, femme endormie

Animation

Saules aveugles, femme endormie

Pierre Földes

Adapté de nouvelles de Haruki Murakami

1 h 40

6,5/10