Né en 1745 à la Guadeloupe, fruit de l’union entre une esclave africaine et un propriétaire de plantation français, Joseph Bologne de Saint-Georges atteint à Paris les sommets de la société grâce à ses talents de violoniste et de compositeur. Il est aussi champion d’escrime…

Il y a 20 ans, le cinéaste québécois Raymond St-Jean, dont le plus récent film, Crépuscule pour un tueur, connaît un beau succès, a consacré au même personnage un moyen métrage documentaire intitulé Le Mozart noir. Il y décrivait le parcours de ce compositeur contemporain de Wolfgang Amadeus, dont l’œuvre fut pratiquement effacée de la mémoire collective.

Au tour des Américains de s’emparer de l’histoire méconnue – et étonnante – de Joseph Bologne de Saint-Georges, connu aussi sous le nom de chevalier de Saint-Georges. Cette fois, l’approche est évidemment différente. Portant à l’écran un scénario de Stefani Robinson (qui fait partie de l’équipe de scénaristes de la série Atlanta), Stephen Williams, un réalisateur qui a surtout fait sa marque dans le monde des séries télévisées (Watchmen notamment), propose un film biographique à l’hollywoodienne, ponctué de drames et de coups de théâtre.

Bien que le récit soit inspiré de la vie d’un véritable personnage historique, on comprendra d’entrée de jeu l’intention des créateurs de ce long métrage qui, à partir de quelques faits, ont pris des largesses au profit du divertissement. L’histoire commence d’ailleurs avec nul autre que Wolfgang Amadeus Mozart qui, dans un théâtre parisien, accepte les demandes spéciales du public, un peu comme le fera Gregory Charles dans ses spectacles quelques siècles plus tard. Arrive alors ce chevalier de Saint-Georges qui, du fond de la salle, s’avance avec son violon pour défier le compositeur de La flûte enchantée dans une bataille à l’instrument qu’il gagne haut la main.

Cet angle est intéressant, dans la mesure où l’on place ici Mozart dans la même position que Salieri dans Amadeus, le fameux film de Miloš Forman. Cela dit, cet aspect du récit sert surtout à expliquer comment, dans une société du XVIIIe siècle où un homme noir pouvait difficilement se faire valoir, le chevalier de Saint-Georges s’est hissé au sommet de la société parisienne grâce à ses talents exceptionnels de musicien et d’escrimeur, pour ensuite en redescendre brutalement.

Il est toujours un peu étrange de voir des Américains traduire une histoire française selon leurs codes narratifs, mais une fois notre adaptation faite en tant que spectateur, Chevalier réserve de bons moments. Le parcours de ce personnage méconnu, magnifiquement habité par Kelvin Harrison Jr., rappelle aussi à quel point la différence a toujours du mal à s’inscrire dans la grande Histoire.

En salle

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Chevalier

Drame biographique

Chevalier

Stephen Williams

Avec Kelvin Harrison Jr., Samara Weaving, Lucy Boynton

1 h 47

7/10