Au début des années 1960, une série de féminicides frappe Boston. Deux femmes journalistes enquêtent sur le sujet et doivent affronter de nombreux obstacles.

Bien que le même sujet soit au centre du film, Boston Strangler n’a rien à voir avec le long métrage de 1968, réalisé par Richard Fleisher, mettant en vedette Tony Curtis et Henry Fonda. Inspiré du livre de Gerold Frank, celui-ci se limitait au point de vue de l’enquêteur principal et du tueur.

La version réalisée et scénarisée par Matt Ruskin se penche sur le travail des journalistes qui ont couvert cet horrible fait divers. La grande particularité est qu’elles étaient des femmes, une rareté à l’époque pour une histoire qui faisait les manchettes.

Keira Knightley incarne Loretta McLaughlin, journaliste de la section « Arts de vivre » du Boston Record-American. Elle souhaite écrire sur des sujets plus sérieux comme sa collègue Jean Cole (Carrie Coon), mais son patron Jack Maclaine (Chris Cooper) l’en empêche. En 1962, un trio de femmes tuées, sans aucun lien apparent, attire l’attention de Loretta. Quelques jours plus tard, son texte révélant un modus operandi semblable pour le meurtre des trois victimes est publié en première page. Celui-ci provoque l’ire de la police de Boston, qui n’avait constaté aucune connexion entre les assassinats. Alors que les corps de femmes retrouvées mortes avec un foulard noué en boucle autour du cou s’accumulent, Loretta et Jean poursuivent l’enquête dans un climat de sexisme extrêmement contraignant.

Tourné dans la capitale du Massachusetts, Boston Strangler dépeint avec justesse l’époque. On sent que les femmes peuvent commencer à s’affirmer et que certains hommes leur laissent la chance, mais que la démarche est ardue. Elles sont aussi immédiatement rappelées à l’ordre lorsque leur « liberté » empiète le moindrement sur celle des hommes.

La réalisation, sans artifice, laisse toute la place au récit et à l’interprétation. Keira Knightley joue sobrement l’héroïne qui, malgré la pression et le danger, garde son sang-froid. Encore plus inébranlable est Jean Cole – on pourrait dire cool –, interprétée avec aplomb par Carrie Coon, qui incarnait aussi une journaliste, Meg Greenfield, dans The Post.

Bien qu’elles enquêtent sur une série de meurtres, les crimes ne sont jamais montrés explicitement, ce qui est de bon goût. Le climat de panique dans la ville est palpable, mais le point central du récit reste les batailles que livrent ces deux femmes au journal, au poste de police, sur les scènes de crime et à la maison. Ce n’est pas un grand film, mais ce qu’il raconte est digne d’intérêt.

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Boston Strangler (V. F. : L’étrangleur de Boston)

Drame historique

Boston Strangler (V. F. : L’étrangleur de Boston)

Matt Ruskin

Avec Keira Knightley, Carrie Coon, Chris Cooper

1 h 53

6,5/10