Les destins d’un immigrant marocain adolescent et d’un jeune adulte québécois « de souche » se croisent au détour d’une existence marquée de part et d’autre par la frustration. Ils se retrouveront l’un face à l’autre, dans une situation dont personne ne sortira indemne.

Il y a un peu de Do the Right Thing (Spike Lee) dans ce quatrième long métrage d’Onur Karaman (Là où Attila passe, Le coupable). Un peu d’Antigone (Sophie Deraspe) aussi. Le fait est que le cinéaste québécois aborde frontalement les effets de la précarité vécue par ceux qui, venus d’ici ou d’ailleurs, doivent survivre quotidiennement dans un monde où ils ne trouvent aucune place.

Au-delà d’une histoire d’intolérance entre des immigrants voulant s’intégrer et des Québécois « de souche » désœuvrés qui tiennent les étrangers responsables de tous leurs déboires, Respire expose assez habilement les mécanismes faisant en sorte qu’une situation peut dégénérer. Et comment la violence sourde que subissent des gens à l’école, au travail et dans la vie de tous les jours peut, à force d’accumulation, emprunter un caractère explosif.

Onur Karaman, qui signe seul le scénario de son film, orchestre sa démonstration à travers le parcours de Fouad (Amedamine Ouerghi), adolescent d’origine marocaine, et Max (Frédéric Lemay), jeune adulte dont la vie est chaotique, sur le plan tant sentimental que professionnel. Le premier, élève passionné de soccer, aide aussi son père (Mohammed Marouazi) au restaurant où ce dernier occupe un emploi alimentaire, malgré son diplôme d’ingénieur obtenu dans son pays d’origine. De son côté, Max vit toujours chez son père garagiste (Roger Léger), un homme modeste qui essaie de toujours tempérer un peu les choses, notamment auprès d’un neveu mécanicien mal dégrossi (Guillaume Laurin).

Porté par une excellente distribution d’ensemble, le portrait que dresse le cinéaste, dénué de sensationnalisme, reste crédible, bien que certains ressorts dramatiques puissent se révéler superflus. Certaines répliques – très percutantes – font par ailleurs écho à une crispation sociale ressentie de part et d’autre dès qu’est soulevée la question de l’immigration et du petit racisme ordinaire qui en découle. Visiblement réalisé avec de modestes moyens, Respire n’a pas toujours les moyens de ses ambitions, mais il a le mérite d’exposer une réalité vécue de l’intérieur et de susciter la réflexion.

Prix du meilleur film québécois du festival Cinemania, ce long métrage est actuellement à l’affiche.

En salle

Consultez l’horaire du film
Respire

Drame

Respire

Onur Karaman

Avec Amedamine Ouerghi, Frédéric Lemay, Mohammed Marouazi

1 h 30

6/10