Pendant la guerre de Sécession, un esclave s’échappe d’une plantation en Louisiane. Son seul salut pour retrouver sa famille est de rejoindre l’armée de l’Union et d’affronter les troupes confédérées.

Premier film de Will Smith depuis sa gifle assénée à Chris Rock (et, accessoirement, son Oscar du meilleur acteur pour King Richard), Emancipation (Vers la liberté, en français) aurait pu jouer dans les plates-bandes de 12 Years a Slave. Le résultat qui est inspiré d’une histoire vraie est bien différent.

Publiées en 1863, les photos montrant le dos mutilé à coups de fouet de cet homme – surnommé Whipped Peter – sont devenues un symbole des atrocités de l’esclavagisme. Le long métrage qui vient d’être produit au coût de 120 millions US utilise les faits historiques comme simple prétexte à un spectacle hollywoodien.

La prometteuse introduction laissait pourtant présager autre chose. Séparé des siens, le personnage principal est amené dans un camp de travail. L’ombre du classique The Bridge on the River Kwai plane avec ces relations troubles entre dominants et dominés.

Puis le héros arrive à prendre la poudre d’escampette et il est poursuivi dans les marais. Le récit devient beaucoup plus conventionnel, empruntant le chemin du suspense formaté. Même si la matière première est riche, le scénariste Bill Collage – qui a œuvré sur des productions comme Assassin’s Creed et Exodus : Gods and Kings – a privilégié l’action à la réflexion.

Cela ne devait pas déplaire à Antoine Fuqua (Infinite, Training Day), un cinéaste rompu au genre, pour qui l’efficacité est une fin en soi. Son travail de mise en scène impressionne dans un premier temps avant de lasser par ses effets, autant dans l’utilisation de la musique que des ralentis. Magnifiques, les images de Robert Richardson (le directeur photo de Quentin Tarantino) finissent par esthétiser la violence, ce qui est toujours douteux moralement.

Ayant refusé de participer à Django Unchained, qui explorait des thématiques similaires avec une certaine ambiguïté, Will Smith était sans doute plus à l’aise dans la peau de cet homme imperturbable, croyant et aimant. L’acteur livre d’ailleurs une performance touchante, surtout lorsqu’il laisse son corps s’exprimer. Il en fallait toutefois davantage pour élever Emancipation, qui a troqué son devoir de mémoire pour celui de divertir.

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Emancipation (V. F. : Vers la liberté)

Drame historique

Emancipation (V. F. : Vers la liberté)

Antoine Fuqua

Avec Will Smith, Ben Foster et Charmaine Bingwa

2 h 12

5,5/10