Fabrice fait ses courses au supermarché, mais au moment de payer, il se rend compte qu’il n’a pas sa carte fidélité. Pris en joue par la sécurité, il parvient à s’enfuir… et devient le plus grand fugitif de France. Une comédie absurde adaptée de la BD du même nom signée Fabcaro.

Les amateurs de BD se rappelleront la sortie (en 2016) de ce petit album délicieusement absurde signé Fabcaro, dans lequel le bédéiste se mettait en scène dans un scénario surréaliste où il oublie sa carte fidélité et où, encerclé par les employés de la sécurité de son supermarché, il menace un agent avec un poireau et prend la fuite.

Une occasion pour lui de dénoncer ce symbole de notre société de consommation et son côté paranoïaque, et de critiquer le rôle des médias, qui s’emballent dans cette affaire anodine…

L’adaptation cinématographique de François Desagnat et Jean-Luc Gaget était un pari risqué. D’abord parce que l’humour décalé de Fabcaro passe très bien dans un album (vu la distance qui permet de capter le deuxième niveau de lecture). Dans l’univers réaliste du cinéma, il peut donner l’impression d’une comédie un peu bêtasse. Ce qui arrive dans plusieurs scènes, malheureusement.

Le tandem a voulu rester fidèle à la BD, c’est entendu, mais à l’écran, certaines répliques sonnent faux. Celles qui ont été ajoutées ne sont pas non plus toujours les plus édifiantes. Les policiers embêtés parce qu’ils ne parlent pas le lozérien ? Vraiment ?

Desagnat parvient malgré tout à extraire quelques perles de cette comédie kafkaïenne dans laquelle Fabrice (Jean-Paul Rouve) – ici un acteur de comédies plutôt qu’un bédéiste – prend la fuite (oui, en Lozère) et se fait recracher de son lift parce qu’il ne connaît pas les paroles de Siffler sur la colline, de Joe Dassin (d’où le titre du film).

L’oubli de sa carte fidélité divisera la communauté cinématographique, dont une frange chantera une pièce collective (façon Band-Aid) en guise de soutien (merci, Benjamin Biolay !). Un film inspiré des évènements est même tourné par deux acteurs (interprétés par Julie Gayet et Ramzy Bédia), guidés par la femme de Fabrice, Fabienne (Julie Depardieu). De bons flashs.

Le réalisateur François Desagnat tend même vers la dystopie – tout le monde conduit la même voiture (une Renault Captur orange), la dissidence n’est pas tolérée et les médias et les réseaux sociaux montent tout en épingle, sans égard aux faits. Bref, il y a des éléments visuels forts et, surtout, une excellente distribution, qui parvient à nous faire oublier (un peu) les ratés du scénario où de nombreux segments nous paraissent simplement « trop gros ».

Zaï Zaï Zaï Zaï

Comédie

Zaï Zaï Zaï Zaï

François Desagnat

Avec Jean-Paul Rouve, Julie Depardieu, Ramzy Bédia, Julie Gayet

1 h 22 En salle

6/10

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