Une mère au foyer de Chicago doit mettre fin à une grossesse pour sauver sa vie alors que l’avortement est toujours illégal aux États-Unis. Elle s’implique alors au sein du collectif Jane qui a réellement existé pour permettre à des femmes d’avorter de façon clandestine.

Août 1968. Joy et son mari, un avocat criminaliste, assistent à une soirée de juristes alors que des manifestations ont lieu dans les rues pour légaliser l’avortement.

Il s’agit d’une grossesse plutôt tardive pour la femme au foyer, déjà mère d’une adolescente de 15 ans, interprétée avec justesse par Elizabeth Banks, qui sort de son registre habituel.

Joy a un mauvais pressentiment. Après qu’elle a perdu connaissance au son d’une chanson de Velvet Underground, son médecin lui confirme que de rendre sa grossesse à terme pourrait compromettre sa vie. Le comité médical de son hôpital refuse toutefois qu’elle puisse avoir un avortement thérapeutique, car l’enfant pourrait naître en bonne santé.

Nous sommes cinq ans avant Roe c. Wade, l’arrêt historique de la Cour suprême des États-Unis qui a reconnu en 1973 le droit des Américaines à avorter.

Joy pourrait prétendre qu’elle est suicidaire. Elle songe aussi à se lancer du haut de son escalier, mais finalement, elle entendra parler d’un collectif mené par une femme appelée Virginia (Sigourney Weaver) qui aide les femmes à interrompre leur grossesse « sans poser de questions ».

Non seulement Joy subira un avortement clandestin, mais elle s’impliquera aussi ensuite au sein du groupe. Le film expose des faits intéressants, notamment que les femmes noires avaient moins accès aux avortements illégaux vu les centaines de dollars à débourser. Et il prend une tournure inattendue dont nous ne dévoilerons rien.

Si tous les ingrédients sont réunis pour un grand film, le ton « feel-good » de Call Jane, accentué par la musique, nous agace rapidement, tout comme la réalisation trop « téléfilm ». Ce décalage est d’autant plus grand pour ceux qui ont vu le film français L’évènement, réalisé par Audrey Diwan d’après un livre d’Annie Ernaux, qui relate la dangereuse et angoissante course contre la montre d’une jeune femme qui veut mettre fin à sa grossesse coûte que coûte.

Le jeu d’Elizabeth Banks, davantage en finesse que celui de Sigourney Weaver, compense le ton discutable que la réalisatrice Phyllis Nagy a convenu de donner à Call Jane (à ne pas confondre avec le documentaire de HBO The Janes, qui porte sur le même collectif).

Or, avec le droit acquis à l’avortement qui est plus que jamais menacé dans certains États américains, le sujet du film est trop sérieux et trop d’actualité pour qu’il soit traité de façon aussi légère.

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Call Jane

Drame

Call Jane

Phyllis Nagy

Elizabeth Banks, Sigourney Weaver et Chris Messina

1 h 58

6/10