À la fin des années 1990, Sophie et son père Calum passent leurs vacances dans un tout-inclus en Turquie. Des années plus tard, ce sont des souvenirs teintés de nostalgie et de mélancolie pour Sophie.

Depuis la présentation d’Aftersun à la Semaine de la critique du Festival de Cannes, où il a remporté le prix du jury, le premier long métrage de Charlotte Wells jouit d’un parcours exceptionnel. Au Québec, le film a remporté les grands honneurs du Festival du nouveau cinéma.

C’est pleinement mérité. Mais c’était peut-être difficile à prévoir puisqu’à l’écrit, le scénario d’Aftersun est somme toute assez simple, soit les vacances en Turquie d’un jeune père séparé (Callum, joué par Paul Mescal) avec sa fille de 11 ans (Sophie, interprétée par Frankie Corio).

Non seulement la réalisatrice d’origine écossaise Charlotte Wells a su mettre en images avec brio le scénario inspiré indirectement de la mort de son père lorsqu’elle était adolescente, mais elle a aussi su faire preuve d’une grande maîtrise quant au jeu des acteurs qui incarnent des personnages dont les émotions se vivent beaucoup de l’intérieur. Des personnages qui s’aiment autant qu’ils s’apprivoisent.

Callum est un bon père toujours proche de son ex, mais s’il fait du tai-chi, par exemple, c’est pour contenir une sorte d’instabilité. Quant à Sophie, elle est habitée par une certaine mélancolie, ne serait-ce qu’à l’idée que les vacances avec son père auront une fin et qu’ils retourneront dans leur ville respective.

On pourrait être tenté de comparer Aftersun à Somewhere de Sofia Coppola ou au film plus récent C’mon C’mon de Paul Wells, mais le drame de Charlotte Wells a une authenticité et un réalisme qui l’élèvent du lot.

En fait, on comprend rapidement – par des vidéos de famille enregistrées sur cassette – que les vacances de Callum et de Sophie sont des souvenirs nostalgiques du passé, soit les années 1990, une période pas si lointaine où les activités familiales se faisaient sans téléphone intelligent, mais plutôt avec un appareil photo Polaroid. Sophie observe les adolescents plus vieux avec curiosité de sa chaise longue, au lieu de passer la plupart de son temps sur Instagram.

La chimie entre Frankie Corio et Paul Mescal s’explique par le jeu d’un naturel désarmant des deux acteurs devant la caméra. Il s’agit d’un premier film pour la jeune fille alors que Mescal a été révélé par la série Normal People.

Il faut aussi souligner la qualité et la redoutable efficacité de la bande originale avec des chansons de R.E.M., Blur et Bran Van 3000, et la cerise sur le gâteau lors de la puissante scène finale : Under Pressure de Queen avec le grand David Bowie.

Il y a des films qui nous dérangent quand ils se terminent avec une grande part de mystère. Ce n’est pas le cas avec Aftersun. Ce que l’on ne sait pas de la vie adulte de Sophie sans son père préserve l’émotion des souvenirs que le film raconte.

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Aftersun

Drame

Aftersun

Charlotte Wells

Avec Paul Mescal et Frankie Corio

1 h 36

8/10