Arrêté en 1905 pour le meurtre d’un enfant de 12 ans, un paysan séminariste de 17 ans se confesse à des médecins.

Cette histoire vraie est à glacer le sang. Elle commence dans la violence la plus insoutenable, alors que notre anti(héros) décapite sa jeune victime. Même s’il va tout de suite se livrer à la justice, l’assassin n’affichera aucun remords pour son geste.

Mais qui est Bruno Reidal ? Le mystère demeure entier sur cet adolescent timide à la voix douce et au visage angélique. Le scénario puissant laisse les jugements au vestiaire, s’en tenant à son point de vue. Un choix ambigu moralement qui oblige le cinéphile à s’investir émotionnellement auprès de cet être livré à lui-même.

Le naturalisme à la Zola n’est jamais loin dans cette étude de l’homme qui se transforme au contact de son milieu, se retenant de peine et de misère pour ne pas se métamorphoser en bête sauvage. Difficile de ne pas penser au chef-d’œuvre Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère, de René Allo, surtout que les dimensions religieuses sont également de la partie.

Le film va toutefois ailleurs. Bruno cache un pan de sa vie, troquant ses désirs sexuels « malsains » contre des pulsions meurtrières. Non seulement il embrasse la solitude la plus désarmante, ne pouvant communiquer avec quiconque le mal qui le ronge, mais son impression de vivre une existence vide, fade et monotone le désensibilise aussi de tout ce qui arrive, un peu de la même façon que les protagonistes d’Elephant et de Paranoid Park, de Gus Van Sant.

Incarnant Bruno Reidal à différents âges, Dimitri Doré, Roman Villedieu et Alex Fanguin sont stupéfiants d’intériorité. Jean-Luc Vincent (un habitué du cinéma de Bruno Dumont) livre également une solide performance dans la peau du réputé médecin Alexandre Lacassagne.

En cherchant l’humanité dans la noirceur, le cinéaste Vincent Le Port offre un premier long métrage qui nous hantera pendant longtemps. Sa mise en scène épurée, son immense beauté formelle et la musique élégiaque d’Olivier Messiaen élèvent constamment le récit, permettant de palper cette âme en déroute. Il ne s’agit peut-être pas du film le plus agréable de l’année, mais certainement de l’un des plus fascinants.

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Bruno Reidal, confession d’un meurtrier

Drame biographique

Bruno Reidal, confession d’un meurtrier

Vincent Le Port

Avec Dimitri Doré, Jean-Luc Vincent et Roman Villedieu

1 h 46

8/10