À 17 ans, un apprenti bédéiste décide de rejeter le confort de la vie familiale en banlieue afin de partir en quête de lui-même et de parfaire sa personnalité d’artiste auprès d’une faune composée de marginaux.

Produit par les frères Josh et Bennie Safdie (Uncut Gems), avec qui la communauté d’esprit est assez évidente, ce premier long métrage distille un humour particulier, dont le cinéaste Owen Kline impose la tonalité dès le départ. Le protagoniste de son histoire est Robert, un adolescent (excellent Daniel Zolghadri) dont le talent de dessinateur est bien affirmé d’entrée de jeu. Un rendez-vous avec un mentor professeur d’art (Stephen Adly Guirguis), qui n’hésite pas à poser nu devant son élève afin que ce dernier puisse s’inspirer de la réalité de la vie, se déroule de façon inattendue, laissant pourtant Robert plus que jamais décidé à se consacrer entièrement à son art.

En quittant la maison familiale pour s’installer en compagnie de colocataires dans un petit appartement vétuste, suffocant et complètement crasseux à Trenton, au New Jersey, le jeune homme se retrouve à croiser des personnages hors normes, tous un peu plus cinglés les uns que les autres. Interprétés par des acteurs et des actrices dont les présences fortes indiquent une affection profonde du cinéaste pour les marginaux, les geeks et le monde de la bande dessinée underground, ces antihéros servent bien l’humour noir ponctuant le récit, tout en conservant toujours leur part d’humanité.

Quand Robert croise dans des circonstances particulières Wallace (Matthew Maher), un type ayant déjà travaillé pour la maison d’édition Image Comics, et qu’il tente de faire de lui son nouveau mentor, le récit prend alors une autre tournure. À cet égard, le dernier acte est plutôt surprenant. Owen Kline, d’abord révélé comme acteur (le fils de Phoebe Cates et Kevin Kline a joué adolescent dans The Squid and the Whale, de Noah Baumbach), multiplie les clins d’œil envers les connaisseurs du monde de la bande dessinée et la frange plus subversive du neuvième art. Cela dit, Funny Pages relève davantage d’une quête existentielle que du parcours d’un artiste cherchant la réussite.

Lancé plus tôt cette année à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes, Funny Pages est à l’affiche en version originale avec sous-titres français.

Funny Pages

Comédie

Funny Pages

Owen Kline

Avec Daniel Zolghadri, Matthew Maher, Miles Emanuel

1 h 26

6/10

En salle