Dès les premières minutes du film, nous sommes envoûtés par la beauté des images et les décors somptueux du troisième long métrage de Mariloup Wolfe, Arlette.

Arlette Saint-Amour (Maripier Morin), directrice d’un magazine de mode, arrive en voiture décapotable au Château Frontenac, où elle a rendez-vous avec le premier ministre du Québec (Gilbert Sicotte) qui lui propose le poste de ministre de la Culture. Elle accepte.

On assiste alors à son apprentissage dans cet univers impitoyable où elle doit très vite intégrer les codes. Car les commentaires négatifs à la suite de sa nomination sont nombreux et violents. Une starlette à la Culture ? Qu’est-ce qu’elle apportera de nouveau ? « Les 100 millions que le ministre des Finances a promis aux artistes lors des dernières élections », répond la nouvelle ministre, au grand désespoir de son équipe. Car on ne s’attaque pas au puissant et méprisant ministre des Finances (David La Haye). Encore moins quand c’est une novice qui débarque, mais qui apprend très vite à manipuler et à faire des coups bas, question de survie. Car quand on se lance dans la fosse aux lions, « une lionne, ça ne se contente pas de rugir, ça tue », comme le suggère l’attaché de presse d’Arlette (Paul Ahmarani).

On peut évidemment faire le parallèle entre Maripier Morin et le personnage d’Arlette, deux femmes qui divisent, qui jouent avec le pouvoir de l’image et qui encaissent les coups. Les phrases du film « Êtes-vous prête à mettre votre tête sur le billot ? » ou encore « Vous allez être guillotinée sur la place publique » résonnent particulièrement.

L’animatrice et comédienne fait son retour à la vie publique avec la sortie de ce film où elle tient le rôle principal. Disons-le, elle joue bien, tout comme dans La chute de l’empire américain de Denys Arcand. La distribution est impressionnante, Benoit Brière en attaché politique est très juste, tout comme Gilbert Sicotte en premier ministre, Paul Ahmarani en attaché de presse et David La Haye en cruel ministre des Finances. On a également apprécié la présence de Micheline Lanctôt en présidente de l’Assemblée nationale et celle d’Antoine Bertrand, excellent en chef de l’opposition.

La réalisation de Mariloup Wolfe est très soignée, les images du directeur de la photographie Yves Bélanger, qui a travaillé avec le regretté Jean-Marc Vallée et Clint Eastwood, sont superbes, les costumes, impeccables, et les lieux de tournage, royaux, mais le film manque de rythme. Cette satire politique théâtrale est divisée en cinq actes, mais l’intrigue est mince – éviter une taxe sur les livres – et traîne en longueur. Le scénario de Marie Vien a beau créer un riche univers feutré qui s’inspire de la cour de Versailles, avec des airs d’opéra et de musique baroque, et même s’il est rempli de références à Simone de Beauvoir (« On ne naît pas ministre, on le devient ») ou à André Malraux, il y a des moments où on s’ennuie. On a mis le paquet sur la facture visuelle et la distribution, mais on en a oublié l’intrigue. Le film fait la démonstration, avec élégance, de la dureté du monde politique et des jeux de pouvoir, mais il méritait plus de profondeur.

Arlette

Comédie dramatique

Arlette

Mariloup Wolfe

Avec Maripier Morin, Paul Ahmarani, Gilbert Sicotte

1 h 58

6/10