Le documentaire Hallelujah : Leonard Cohen, a Journey, a Song trace un habile parallèle entre la destinée de cette chanson et la trajectoire du poète montréalais.

Le film de Dan Geller et de Dayna Goldfine, présenté en première le mois dernier au festival de Tribeca, revient sur la jeunesse et sur les débuts de Leonard Cohen et retrace les grandes étapes de sa carrière : sa première prestation sur scène avec Judy Collins, ses enregistrements en studio et ses tournées. Il est aussi question de son creux de vague des années 1980 et de ses renaissances successives : au tournant des années 1990 d’abord, puis au début des années 2000.

Il s’agit, pour l’essentiel, de choses que l’on sait si on s’est un peu intéressé au parcours de l’artiste. Ce qui compte, ici, c’est la manière : au cœur de ce documentaire, il y a Leonard Cohen, homme sérieux et pince-sans-rire, être animé par une quête spirituelle et créateur célébré qui demeure humble devant les mystères de l’inspiration.

Ces différents visages de l’artiste sont habilement explorés à travers sa chanson Hallelujah, qu’il a écrite sur plusieurs années, noircissant des cahiers entiers avant d’en fixer une version sur disque. Elle est à la fois le symbole de sa rigueur dans l’écriture, de son être tiraillé entre élévation spirituelle, désirs charnels et quête amoureuse. Et celui d’un échec : le disque Various Positions (1984), sur lequel elle est parue, a été refusé par Columbia et Hallelujah est passée inaperçue à sa sortie.

Mais elle allait ressusciter.

Reprise sur scène par Bob Dylan dès la fin des années 1980, elle paraît ensuite dans une version « laïque » remaniée par John Cale. L’ancien du Velvet Underground avait demandé à Cohen de lui envoyer les paroles et a pigé dans la quinzaine de couplets reçus par télécopieur. Le reste, comme on dit, appartient à l’histoire : Jeff Buckley enregistre à son tour cette version et lui donnera l’élan pour qu’elle devienne l’emblème grandiose de l’œuvre de Cohen et de l’universalité de son propos.

Dan Geller et Dayna Goldfine, qui se sont inspirés d’un livre d’Alan Light intitulé The Holy and the Broken, manient avec sensibilité la riche matière qu’ils ont en main. Leur film est nourri par des entrevues avec quantité de proches et de collaborateurs de Cohen, offre des images d’archives riches (beaucoup d’interviews de l’artiste) et de touchants extraits de concerts. Le film est accompagné par la publication d’une nouvelle compilation coiffée du même titre qui s’ouvre sur une interprétation prenante d’Hallelujah par Leonard Cohen au Festival de Glastonbury en 2008.

En salle

Présenté en version originale en anglais et avec sous-titres français.

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Hallelujah : Leonard Cohen, a Journey, a Song (Hallelujah : Leonard Cohen, un voyage, un hymne)

Documentaire

Hallelujah : Leonard Cohen, a Journey, a Song (Hallelujah : Leonard Cohen, un voyage, un hymne)

Dan Geller et Dayna Goldfine

Avec Leonard Cohen, John Lissauer, Sharon Robinson, Judy Collins et Larry Ratso Sloman

1 h 55

8/10