Enseignante dissipée, Louise retrouve un jour Dimitri, un camarade de jeunesse, nouveau professeur à son école. Cette rencontre la replonge dans ses souvenirs d’enfance alors qu’elle vivait dans une ferme laitière, au sein d’une famille aimante, mais minée par les problèmes financiers.

Si l’amour est dans le pré, la vie d’agriculteur est loin d’être un rêve. On en a pour démonstration le fait que les difficultés financières vécues au jour le jour par les fermiers trouvent écho non seulement dans les bulletins d’information, mais aussi au cinéma.

Plus récent exemple en date, Louloute s’ajoute ainsi à des films tels le documentaire québécois La détresse au bout du rang de Stéphane Gendron et la fiction française Au nom de la terre d’Édouard Bergeron, tous deux sortis à l’été 2020.

Si les lignes de convergence sont pratiquement identiques entre le film de M. Bergeron et celui d’Hubert Viel, disons que Louloute se démarque par une plus grande légèreté, un bien-être qui trouve sa source dans un cocon familial aimant et réconfortant.

Certes, il y a des aspérités dans la famille de Louise affectueusement surnommée Louloute, mais le calme revient toujours après quelques tempêtes…

Jusqu’au jour où le père, Jean-Jacques (Bruno Clairefond), en a assez de subir les pressions inhérentes à la baisse du prix du lait. Ce jour-là, la vie de Louloute bascule à jamais.

Le film est campé à deux époques : en Normandie, à la ferme, en 1988, et de nos jours alors que Louise enseigne dans une école en milieu urbain. La vie de cette Louise adulte est inconstante et médicamentée. Ces passages dans le présent sont plus rugueux que ceux à la ferme. Elle se culpabilise et ne se pardonne pas ce qui est arrivé à son père.

Déconstruite, l’histoire est toutefois très bien définie. Au début du film, une ellipse drôlement bien ficelée nous catapulte d’aujourd’hui vers le passé où l’essentiel de l’histoire se déroule.

La jeune Alice Henry incarne avec beaucoup d’aplomb cette Louise de 1988. Sur son visage angélique passent toutes sortes d’émotions nourries par des évènements, tantôt banals, tantôt amusants, tantôt dramatiques qu’elle va vivre ou provoquer.

Avec son jeu, ses expressions faciales, ses retenues au bon moment, la jeune comédienne permet au spectateur de se mettre dans la peau d’une enfant et de ressentir, avec elle, la perception qu’elle a de ses parents.

Dans le rôle d’Isabelle, la mère du clan, Laure Calamy est, comme toujours, impeccable et convaincante.

À la fois émouvante et très dure, la scène finale ouvre la porte au chemin que Louise va finalement tenter de suivre, celui de conserver les moments tendres de son enfance tout en évacuant le reste.

En salle

Louloute

Comédie dramatique

Louloute

Hubert Viel

Avec Alice Henri, Laure Calamy et Bruno Clairefond

1 h 28

7/10