Une employée agoraphobe découvre des preuves d’un crime lors d’un examen du flux de données d’un logiciel de type Alexa et Siri (qui se nomme Kimi). Elle décide d’en avertir ses employeurs, qui ont d’autres préoccupations.

Steven Soderbergh poursuit son exploration des dérives du capitalisme sauvage et s’intéresse de nouveau aux enjeux de santé mentale dans un thriller campé dans l’univers des nouvelles technologies. Kimi, du nom d’un logiciel de type Alexa ou Siri, n’est pas sans rappeler par ses thèmes les récents Unsane et The Laundromat.

C’est un projet minimaliste comme les chérit le cinéaste de Sex, Lies, and Videotape. Il y a une qualité artisanale à Kimi, que l’on retrouve dans ses films les moins typiquement hollywoodiens. Soderbergh est encore une fois son propre directeur photo et monteur.

Angela (Zoë Kravitz, très convaincante) souffre d’agoraphobie et est incapable de quitter son appartement. Sa condition s’est empirée à cause de la pandémie. C’est une maniaque de rangement et de propreté, prisonnière de son loft aux grandes fenêtres au centre-ville de Seattle.

Elle se conforte dans le télétravail, ne sort jamais de chez elle, invite son amant par texto – le voisin d’en face, qu’elle épie de sa fenêtre – comme on commande une pizza à livrer. Il n’a pas le temps de souffler après l’orgasme que les draps du lit sont déjà dans la laveuse.

Angela est aussi surveillée par un autre voisin d’en face, qui la traque avec ses jumelles. La prémisse, oui, a des accents hitchcockiens à la Rear Window. Le thriller psychologique est, après tout, le genre de prédilection de Soderbergh.

Angela travaille pour Amygdala, l’entreprise qui a créé Kimi et qui s’apprête à être cotée en Bourse. Elle surveille le flux de données du logiciel afin d’améliorer l’algorithme. Un jour, elle entend sur un enregistrement ce qu’elle croit être un crime violent. Elle en avise ses supérieurs, qui préféreraient qu’elle étouffe l’affaire. Mais elle ne lâche pas le morceau, pour des raisons qu’on finira par comprendre.

Thriller efficace mais conventionnel ce n’est ni, sur le même thème, The Conversation de Coppola ni Blowup d’Antonioni –, Kimi se distingue grâce au savoir-faire de Soderbergh, qui sait filmer l’anxiété de son style particulier.

Le film se densifie grâce au regard porté sur la société de surveillance à la Big Brother, créée par les géants du numérique. De ce point de vue, cette métaphore de la pandémie, illustrée d’emblée par un PDG en entrevue télé Zoom en direct de son garage, un pantalon de pyjama sous son veston-cravate, tombe à point.

Sur Crave en version originale anglaise et version doublée en français

Kimi

Thriller

Kimi

Steven Soderbergh

Avec Zoë Kravitz, Rita Wilson, Devin Ratray.

89 minutes

6/10