Un jeune archéologue anglais collabore avec des pilleurs de tombes qui mènent une vie de bohème en Italie et sont impliqués dans un trafic d’artéfacts étrusques.

Le travail des archéologues est à la fois précieux et mystérieux. En fouillant pour découvrir des merveilles du passé, ces chercheurs exposent des fragments d’un monde ancien, des bribes de civilisations disparues pour nous faire rêver. Et oublier le présent...

C’est du moins la réalité des personnages de La Chimera, un groupe de pilleurs de sépultures étrusques. Des personnages à la fois loufoques et cruels, des marginaux fuyant la réalité de leur société et leur époque : l’Italie industrielle des années 1980.

La Chimera, d’Alice Rohrwacher, est un conte moderne et fascinant sur la quête d’Arthur (Josh O’Connor), jeune archéologue meurtri. Avec une grande liberté formelle, la réalisatrice et scénariste italienne raconte la drôle d’odyssée de ce groupe de pilleurs de tombes qui vendent ces objets rares sur le marché noir pour survivre.

Libéré de prison pour ses activités illicites, Arthur revient, au début du film, dans un village sur la mer Tyrrhénienne. Là-bas, les joyeux brigands l’attendent avec impatience. Ils souhaitent que le jeune homme reprenne du service, car ce dernier a un don : c’est un médium qui ressent le vide sous la terre et peut trouver où les merveilles archéologiques sont enterrées !

Le film a été sélectionné au dernier Festival de Cannes. En plus du style original d’Alice Rohrwacher, il faut souligner le travail de la directrice de la photographie, Hélène Louvart. On a filmé à la fois en 35 mm, Super 16 et 16 mm. La photo donne un grain ancien aux images qui semblent elles aussi appartenir au passé.

La mise en scène de Rohrwacher évoque la magie de Fellini (le carnaval dans le village), puis emprunte la musique de Mozart (la scène où l’on déterre des trésors enfouis sous un chantier maritime, au milieu d’un paysage de grues et de conteneurs). Le vide que ressent Arthur fait aussi écho à notre monde post-industriel, à la pollution et à la destruction de notre écosystème. Comme si l’humain était condamné à s’enrichir en tuant la beauté du monde.

Le très solide Josh O’Connor (The Crown, God’s Own Country) trouve un (autre) rôle à la mesure de son talent immense. En fait, l’ensemble de la distribution excelle dans ce film beau et touchant, malgré quelques longueurs. Mention à Carol Duarte et Isabella Rosellini, dans un petit rôle.

« Peut-être que si les Étrusques étaient encore là, il n’y aurait pas eu ce machisme en Italie », lance Melodie, collaboratrice de Spartaco (Alba Rohrwacher), cheffe des trafiquants d’artéfacts, au milieu du récit. Peut-être que nos contemporains pourraient apprendre une ou deux choses des civilisations disparues... au lieu de les piller.

Le film est présenté en version originale avec sous-titres anglais.

En salle

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La Chimera

Comédie dramatique

La Chimera

Alice Rohrwacher

Avec Josh O’Connor, Carol Duarte, Isabelle Rossellini, Lou Roy-Lecollinet

2 h 10

7/10