Avec ses numéros évoquant dans leur forme les grandes comédies musicales traditionnelles issues de l’âge d’or du cinéma, In the Heights allie le classique et le moderne. On pense par moments à West Wide Story, d’autres fois, avec ces journées caniculaires qui exacerbent les passions, à Do the Right Thing (sur un tout autre registre, il est vrai), et cette façon de s’approprier la rue pour danser et faire la fête n’est pas sans rappeler certaines scènes de Fame.

Le propos de cette adaptation cinématographique d’une comédie musicale de Lin-Manuel Miranda, créée sur scène il y a une quinzaine d’années, se révèle d’une pertinence accrue, à une époque où les questions liées à l’immigration et à l’inclusion refont surface, particulièrement dans la société américaine. Grâce à une distribution majoritairement composée d’artistes issus de la communauté hispanophone américaine, In the Heights est, à l’instar de Crazy Rich Asians (le film précédent de Jon M. Chu), l’une des rares productions hollywoodiennes à offrir une représentation ethnique plus juste.

Les amateurs de comédies musicales savoureront d’emblée l’approche énergique qu’emprunte le cinéaste pour mettre en valeur les numéros musicaux – des centaines de figurants y participent parfois – alliant le hip-hop et les rythmes latins. Mais au-delà de la musique et des chansons, In The Heights propose avant tout le portrait d’une communauté installée à Washington Heights, quartier du nord de Manhattan peu fréquenté par ceux qui n’y habitent pas. Une jeune New-Yorkaise précise même au début du film qu’elle ne s’est jamais rendue au nord de la 96Rue. Ceux qui y résident proviennent en grande partie de familles venues de Porto Rico, de Cuba et de la République dominicaine. C’est notamment le cas d’Usnavi, personnage central de cette histoire.

Une célébration de la culture latine

PHOTO FOURNIE PAR WARNER BROS. PICTURES

Anthony Ramos dans In the Heights (D’où l’on vient), film de Jon M. Chu

Fier Dominicain de deuxième génération, Usnavi (Anthony Ramos reprend ici le rôle créé à la scène par Lin-Manuel Miranda) mène les destinées de son modeste dépanneur en entretenant le rêve de pouvoir un jour retourner dans le pays d’origine de ses parents. Il est entouré d’une galerie de personnages qui, tous, cristallisent la réalité à laquelle font face les Américains issus de l’immigration, tout en célébrant leurs cultures – à travers la musique, bien sûr, mais aussi grâce à la cuisine, à l’art de vivre, au sens de la fête.

La vision de cette communauté qu’offre Lin-Manuel Miranda, qui a écrit In the Heights avant Hamilton, sa plus récente comédie musicale à succès, a le mérite de faire écho à la résilience de citoyens qui doivent constamment lutter pour se faire une place dans la société. On pourra sans doute lui reprocher d’emprunter un ton un peu trop appuyé par moments, mais, le récit prenant la forme d’un conte familial qu’Usnavi transmet à ses jeunes enfants, celui-ci se justifie. Et puis, à l’aube de la saison estivale et du déconfinement, la fiesta énergisante à laquelle nous convie Jon M. Chu ne pourrait mieux tomber.

In the Heights (D’où l’on vient est le titre en français) est à l’affiche en salle en version originale et en version doublée en français. Le film est aussi offert en vidéo sur demande premium en version originale anglaise, en version originale avec sous-titres français, et en version doublée en français.

In the Heights

Comédie musicale

In the Heights

Jon M. Chu

Avec Anthony Ramos, Corey Hawkins, Leslie Grace

2 h 24

7/10