À l’occasion de la réalisation d’une œuvre en l’honneur de ses chansons, Richard Desjardins revient dans les rues de la ville qui l’a vu grandir. Pour une rare fois, il en profite pour raconter son histoire et parler de ses influences.

Il est assez rare que Richard Desjardins se livre. Par trop grande sensibilité, peut-être, ou simplement par pudeur, il a toujours été plus facile à faire parler de politique et d’environnement que des sources intimes de sa poésie et de sa musique.

Ça demeure vrai dans Le dernier Nataq, documentaire de Lili Marcotte consacré au monument de Rouyn-Noranda. Les questions les plus intimes trouvent les réponses les plus courtes, même si Desjardins plonge aussi volontiers dans certains souvenirs en arpentant les rues de sa ville.

L’ancrage du documentaire de Lili Marcotte, c’est la réalisation d’une peinture murale inspirée par les chansons de Desjardins en plein cœur de Rouyn-Noranda. Elle a été conçue par Brigitte Toutant, Johannie Séguin, Ariane Ouellet, Valérie Hamelin, Annie Hamel et Annie Boulanger, toutes des artistes abitibiennes.

PHOTO ARIANE OUELLET, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Peinture murale inspirée par les chansons de Richard Desjardins à Rouyn-Noranda

La caméra suit en parallèle les créatrices, montrant ce qu’elles puisent dans les chansons du poète, et interroge celui-ci sur son œuvre et son coin de pays. Desjardins le dit d’entrée de jeu : comme les autochtones de la région, il n’a pas le sentiment d’habiter le territoire, mais d’en faire partie. Viscéralement.

Ce territoire et ses gens, en revanche, habitent ses chansons. Les plus autobiographiques (Soreen, sur un amour d’enfance auquel il a voulu payer la traite en volant un peu d’argent à sa mère), comme celles qui donnent des mots à d’autres (Jenny, l’émouvante complainte d’un camionneur).

Lili Marcotte évoque tout ça. Mais avec Desjardins et quelques autres intervenants, dont le photographe François Ruph et l’écrivaine Jeanne-Mance Delisle, elle parle surtout de la mine, des forêts, d’injustice et de sentiment de dépossession. Toutes des choses que Desjardins lui-même a montrées du doigt dans ses documentaires coups-de-poing conçus avec Robert Monderie (Noranda, L’erreur boréale, Trou Story, etc.).

Le dernier Nataq mise beaucoup sur le Desjardins combatif, au détriment d’un véritable regard sur sa fructueuse carrière d’artiste. Lili Marcotte évoque ses débuts – à l’aide de maigres photos d’archives –, mais s’attarde peu à la suite, tenant sans doute pour acquis que tout un chacun sait à quelles hauteurs il s’est hissé.

C’est la principale faiblesse de son film : à force de regarder son personnage à hauteur d’homme, elle n’en donne pas toute la mesure. Il faut par contre rendre à la réalisatrice ce qui lui appartient : personne avant elle n’avait montré avec autant d’acuité à quel point Rouyn fait rimer Desjardins.

Le dernier Nataq prend l’affiche en salle ce vendredi.

AFFICHE FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Documentaire
Le dernier Nataq
Lili Marcotte
1 h 15
★★★