En 2003, le documentaire The Corporation dénonçait les entreprises et leur soif de profit et de pouvoir. Cette suite argue que les grandes sociétés ont mis en place de formidables mécanismes pour nous faire croire qu’elles sont devenues de bonnes citoyennes, alors qu’elles pillent et détruisent la planète plus que jamais.

Présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto en septembre 2020, gorgé de prix et de critiques positives, ce film nous a laissé dubitatif. Non pas en raison du fond, mais de la forme.

Bien sûr, nous partageons l’indignation des auteurs qui, maints exemples à l’appui, s’emploient à lever le voile sur toutes les entourloupettes déployées par les grandes sociétés pour faire croire que la recherche de profit n’est plus leur but premier et qu’elles se décarcassent pour lutter contre la pollution et la pauvreté.

Mais tout ceci est tellement martelé. On a l’impression, désagréable, d’être davantage gavé qu’instruit. Pour cela, les auteurs utilisent un montage ultra serré, hyper rapide, faisant succéder les images-chocs à des témoignages de spécialistes toujours face à l’écran dans le même décor. Il y a les bons et les méchants. Et entre les deux, rien. Point.

Tout ça a l’allure d’un grand reportage télé vitaminé sans grande originalité. D’ailleurs, ces informations-chocs, les grands médias en ont déjà fait part dans le passé. À preuve, le film cite ses sources (bravo !), tels le New York Times, CNN et même Fox News.

Heureusement, dans la deuxième heure, on bascule petit à petit sur la marche du peuple, qui, mené par des gens allumés, tels la mairesse de Barcelone, Ada Colau, le sénateur américain Bernie Sanders ou la jeune militante suédoise Greta Thunberg, a éveillé les consciences. Comme le dit une spécialiste interviewée, c’est l’émergence du pouvoir des gens contre ceux des grandes entreprises.

IMAGE TIRÉE DU SITE IMDB

The New Corporation : The Unfortunately Necessary Sequel, de Joel Bakan et Jennifer Abbott

De plus, dans ce segment, la démonstration de la solution est plus posée et moins manichéenne que l’exposition du problème. Tant mieux ! Mais dans le même type de sujet, on garde un meilleur souvenir de Surviving Progress, de Mathieu Roy et Harold Crooks, ou La terre vue du cœur, d’Iolande Cadrin-Rossignol.

Offert en français sur Crave.

★★★

DOCUMENTAIRE. The New Corporation : The Unfortunately Necessary Sequel. Joel Bakan et Jennifer Abbott. Avec Anand Giriharadas, Peter Dauvergne, Noam Chomsky. 1 h 47.