Accompagnant le cinéaste et photojournaliste Seamus Murphy en Afghanistan, au Kosovo et à Washington, l’auteure-compositrice-interprète et multi-instrumentiste PJ Harvey puise dans ces voyages la matière brute ayant servi à la composition des chansons de son album The Hope Six Demolition Project.

Rarement collaboration entre artistes de deux univers a donné un résultat aussi probant. C’est une rencontre au sommet. Une symbiose artistique exemplaire.

Seamus Murphy voulait tourner dans différents endroits du globe. PJ Harvey l’a accompagné dans trois lieux. Alors que la chanteuse britannique prenait des notes destinées à écrire de nouvelles chansons, Murphy l’a filmée. Et lorsqu’elle est entrée en studio pour les enregistrer, devant public, il a continué à tourner.

Le résultat est un documentaire sortant des sentiers battus, hors normes, aux images ciselées, souvent provocantes, déstabilisantes. Un regard tourné vers l’humain, souvent vers les enfants, sans mise en scène pour faire plus joli.

Femme engagée, PJ Harvey va vers l’autre, tend la main, est constamment en processus de recherche et de création. On la voit essayer toutes sortes d’instruments, traquer des sons hors de l’ordinaire. Pour le spectateur, l’immersion dans un processus créatif et expérimental est intégrale, constante, inclusive.

Certains ont parlé d’un tourisme de la pauvreté. Ce n’est pas notre humble avis. PJ Harvey et Seamus Murphy font preuve de sensibilité et d’engagement par le fait de filmer, de dire et de chanter. C’est inventif, jamais aseptisé. On juxtapose des images contrastées à l’extrême. En parallèle, on conteste notre côté voyeur.

IMAGE FOURNIE PAR ABRAMORAMA

A Dog Called Money, de Seamus Murphy

À la limite, on reprochera au tandem d’être allé si loin dans la recherche que l’ensemble a parfois des allures de capharnaüm. Pourtant, il n’y a rien de mal à repousser les frontières de la démarche artistique.

Sur la plateforme du Cinéma Beaubien.

★★★★

A Dog Called Money. Documentaire de Seamus Murphy. Avec PJ Harvey. 1 h 30.