Au cœur de la forêt brésilienne, Ihjãc, adolescent déjà père de famille, hésite à franchir le pas lui permettant de devenir chaman. Il trouve refuge à la ville, qui lui apportera plus de questions que de réponses.

Onirique, contemplatif, lent, méditatif, poétique. Ces qualificatifs relatifs à un univers de rêvasserie et à un rapport paisible au temps qualifient bien ce film ethnographique à la croisée du drame, de la fable et du documentaire.

Pourtant, sous ce vernis éthéré se cache une forme de violence d’autant plus létale qu’on ne la perçoit pas, à savoir la menace de la disparition des valeurs et des traditions d’un peuple indigène brésilien duquel se rapproche, un peu plus chaque jour, la modernité.

Il faut le voir dans le regard d’Ihjãc, qui doit prendre certaines responsabilités pour devenir chaman et faire en sorte que l’esprit de son père, récemment mort, puisse quitter le village. Prétextant la maladie, l’adolescent quitte les siens pour la ville, où il goûte, dans une scène très courte mais percutante, aux joies des jeux vidéo.

IMAGE TIRÉE D’IMDB

Affiche du film Le chant de la forêt

Il est loin d’être acquis que ce film d’une grande authenticité convaincra tout un chacun. Le rythme est lent, les plans-séquences s’éternisent, les personnages sont dépourvus de sentiments apparents.

Il reste que pour porter leur message, les cinéastes ont l’intelligence de ne rien bousculer ou imposer au spectateur. Ils imaginent des scènes émouvantes et bien construites pour évoquer la lente disparition de cette population de la forêt. La scène finale est, à cet effet, extrêmement éloquente.

★★★ Le chant de la forêt. Drame de João Salaviza et Renée Nader Messora. Avec Henrique Ihjãc Krahô, Douglas Tiepre Krahô et Iasmin Kropej Krahô. 1 h 54.

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