L'histoire: Dans un Iran moderne mais engoncé dans son conservatisme, Ava, 16 ans, adolescente têtue et en quête d'indépendance, fait face à plusieurs obstacles: une mère psychorigide, une directrice d'école abusant de son pouvoir et un cercle d'amies qui la rejette de plus en plus.

L'histoire d'Ava est assez banale. Une adolescente de 16 ans, en quête d'indépendance, se heurte aux obstacles de la vie familiale et de la société. C'est dans sa mise en scène, sa cinématographie et son interprétation que ce récit se faufile dans nos coeurs et nos esprits.

Premier long métrage de Sadaf Foroughi, cinéaste irano-canadienne, ce film est éblouissant dans ses émotions retenues, son rythme langoureux, ses prises de vue découpées avec un soin aussi méticuleux que voluptueux.

Inspiré de la propre vie de la cinéaste («C'est une lettre d'amour à mon adolescence perdue», a dit Mme Foroughi à notre collègue Nathalie Petrowski en octobre dernier), Ava commence là où tous les films d'ados s'amorcent: aux abords de l'école. Là, un groupe de filles parle des garçons, des professeurs, d'avenir.

Intéressée par une carrière en musique, Ava (Mahour Jabbari) raconte ses secrets à son amie Melody. Côté parental, elle est tiraillée entre une mère très stricte et un père aimant, mais trop absent.

D'une scène à l'autre, on est happé par son histoire, par sa souffrance intérieure, par cette colère contenue qui n'explose jamais totalement. L'effet est le même chez sa mère interprétée par Bahar Noohian. Dans une scène époustouflante, cette mère est à la fois bouleversée, étonnée et pétrie de culpabilité après avoir appris d'une gynécologue que sa fille, qu'elle suspectait d'avoir eu une relation sexuelle avec un garçon, n'a pas eu de rapport sexuel complet. Pendant de longues secondes, la caméra s'arrête, le temps est suspendu. La détresse de la mère nous atteint, se fond en nous.

De façon générale, la cinéaste est très habile dans sa façon de raconter le fossé mère-fille qui se creuse sous nos yeux. Bahar Noohian a de son côté remporté le prix de la meilleure interprétation féminine de soutien au dernier gala des prix Écrans canadiens. Mais Leili Rashidi l'aurait tout autant, sinon plus, mérité dans son rôle de directrice d'école baveuse, intransigeante, fière de son autorité.

La projection du film est précédée de celle du court métrage Le sujet de Patrick Bouchard, seul film québécois sélectionné à Cannes cette année.

* * * 1/2

Ava. Drame de Sadaf Foroughi. Avec Mahour Jabbari, Leili Rashidi, Bahar Noohian et Shayesteh Sajadi. 1 h 42.

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Image fournie par Sweet Delight Pictures

Ava