Le Los Angeles des années 70. Celui de la pornographie, de la corruption, de la violence. Du smog. C'est le L.A. noir où Shane Black (Iron Man 3) a planté The Nice Guys, titre ironique s'il en est un puisque ces gars-là, campés par Ryan Gosling et Russell Crowe, sont tout sauf sympas au premier abord. Ni au deuxième, d'ailleurs.

Leur mariage forcé débouche sur une comédie violente et drôle, aux rebondissements inattendus, où le burlesque côtoie le cruel et les répliques absurdes, le panache psychédélique du Hollywood de 1977.

Bref, The Nice Guys, c'est tout ce que l'on n'attendait pas sur le curriculum vitae de l'acteur de Drive et de la tête d'affiche de Gladiator. Et que l'on espère à présent y revoir au plus vite.

Ça commence de façon aussi percutante que drôle. Un adolescent se faufile, la nuit, dans la chambre de ses parents endormis. Il attrape, sous le lit, un magazine porno. Sort de la pièce. Plonge dans les pages où s'étale le corps magnifique de l'actrice porno de l'heure, Misty Mountains. Et soudain, une voiture déboule dans la maison. La traverse. Stoppe dans le jardin. Le garçon, médusé, « suit » le véhicule. Une femme en a été éjectée. Ensanglantée. Nue. Misty Mountains. Qui meurt sous ses yeux.

Rêve et cauchemar à la fois. Moment surréaliste. Le ton est donné. Il est celui de Shane Black. Il est celui de The Nice Guys, comédie noire qu'a coécrite et réalisée celui qui a donné un nouveau souffle au buddy movie - puisqu'il est l'auteur de Lethal Weapon dans lequel, en 1987, Mel Gibson et Danny Glover ont fait flèche de tout bois dans la peau de policiers dépareillés obligés de travailler ensemble.

Photo fournie par Warner Bros.

Russell Crowe et Ryan Gosling sont hilarants dans cette comédie noire réalisée par Shane Black. 

UN TANDEM IMPARABLE

Quelque 11 années après avoir formé un autre tandem improbable - formé de Robert Downey Jr. et Val Kilmer - dans l'excellent Kiss Kiss Bang Bang, le cinéaste « impose » Ryan Gosling à Russell Crowe. Ou vice-versa. Un odd couple dont on n'est pas à la veille de se remettre tant il est hilarant.

Le premier incarne un veuf, père d'une adolescente (excellente Angourie Rice, que l'on reverra bientôt et souvent), détective privé alcoolo qui rend service ( !) à de vieilles dames n'ayant plus toute leur tête. Le second, un homme de main brutal qui gagne sa vie en forçant celle des autres. Et les voici obligés de travailler ensemble, à la recherche d'une certaine Amelia (Margaret Qualley), jeune femme brune vêtue de jaune qui apparaît ici et là dans le film avant de disparaître, revenir encore, etc.

Elle est la fille d'une politicienne (Kim Basinger, magnifique, qui plonge dans des eaux semblables à celles qu'elle a explorées dans L.A. Confidential en compagnie... de Russel Crowe). Et, suivant ses traces, les deux compères se cognent le nez à une conspiration qui est, de loin, hors de leur champ (très limité) de compétence.

Grâce à son scénario pyrotechnique et sans temps morts en guise de moteur, The Nice Guys offre un voyage dans le temps au coeur du L.A. des seventies dont on (re)visite les lieux et les moeurs, où les filles sexy s'ébattent dans des fêtes bien arrosées/poudrées, où le disco mène le bal, où les couleurs explosent sur les murs et les vêtements. Le tout est glorifié ici par la photographie de Philippe Rousselot, qui semble sculpter sa lumière dans le smog. Et l'ensemble est servi par Gosling et Crowe qui font merveille en présence l'un de l'autre. Avec ces deux « losers », ils ont tiré une carte gagnante.

The Nice Guys (V.F.: Les bons gars) ***1/2. Comédie de Shane Black avec Ryan Gosling, Russell Crowe et Angourie Rice. 1h56.

Russell Crowe et Ryan Gosling dans le film « The Nice Guys ». Crédit : Warner Bros.