Le problème avec ce trop long reportage télévisuel, se faisant passer pour un documentaire grand écran, n'est pas qu'il paraît tiré des cartons de l'ADQ ni qu'il expose plusieurs théories chères à la droite. Pas plus qu'il ne se veut provocateur. Le simple tort de L'illusion tranquille est d'être un mauvais film. Alarmiste, démagogue et manipulateur, accomplissant exactement le contraire de ce qu'il prêche, nous prenant pour des valises.

Ce pamphlet simpliste prêche jusqu'à plus soif contre un Québec englué dans une nouvelle sainte-trinité, semble-t-il, la sociale-démocratie prise en charge par de nouveaux prêtres, les politiciens et les syndicalistes.

Le collage de départ nous place devant une apocalypse météo-socio-économique. «Dieu que je suis exaspérée d'entendre parler de référendum!» résume la narratrice au nom de la réalisatrice.

On saute à une certaine perception du «modèle québécois», confondant tout : garderies à 7 $, syndicats et assurance médicaments sans un traître mot sur les deux mamelles du dit modèle, la Caisse de dépôt et la SGF.

Les grossièretés suivent : «Ce ne sont pas les riches qui font de l'évasion fiscale mais bien des gens qui n'ont pas suffisamment de revenus pour payer de l'impôt». Tremblez citoyens : les Québécois ont développé une accoutumance à la médiocrité. Le Québec deviendra le Terre-Neuve de la fédération en se vidant de tous ses cerveaux.

Le tout servi par un montage et une esthétique digne des plus vieilles techniques de manipulation du spectateur. Gros plans suivis de contre-plans de têtes qui approuvent. Spécialistes placés sur des plateformes lumineuses, leur donnant une aura. Il s'agit d'un éclairage inventé par Josef Von Sternberg dans les années 30 pour éclairer sa muse, Marlene Dietrich.

Ironiquement, un enseignant du cégep Garneau à Québec, Frédérick Têtu, parle du modèle québécois, mais explique clairement ce qui passe devant nos yeux : «Ce ne sont plus les faits qui comptent, ce sont les symboles.»

Ce film répétitif ennuie la plupart du temps. Et lorsqu'à mi-parcours, quelques idées sont bien articulées sur l'universalité des programmes et les droits de scolarité, ces propos s'accompagnent de musique d'ascenseur.

Et on nous refait le coup de l'Irlande. Ah qu'il est beau le modèle irlandais coupant taxes et impôts. Mais on a le culot d'oublier de nous dire que les Irlandais ont pu le faire en raison de subventions colossales de la communauté européenne, l'Irlande étant à l'époque le parent pauvre du groupe.

On nous incite donc à être plus durs envers les gouvernements, à les surveiller de plus près. Qu'en pensez-vous M. Charest? Aurait-on été trop mous avec vous?

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L'ILLUSION TRANQUILLE, Documentaire de Joanne Marcotte.

Le Québec lucide en images. Ce documentaire affirme que le Québec n'est pas plus solidaire et égalitaire que ses voisins, qu'il entretient plutôt la pauvreté, figé sous les dogmes établis par les monopoles d'État et syndicaux.

Un film d'horreur qui fait vraiment peur, naviguant entre l'exposition maladroite de thèses politiques, la démagogie et la manipulation pure et simple.