François Ozon signe ici un «drame historique» destiné plus ou moins spécifiquement au grand public féminin, qui aime les beaux costumes, les romances difficiles, les épopées mélodramatiques, les envolées lyriques et les quêtes acharnées vers un ailleurs meilleur.

Ce n’est pas pour rien qu’on a comparé ce film au célèbre Gone With the Wind : Angel a un côté résolument kitsch, vieillot et parfaitement assumé qui, à bien y penser, lui va assez bien. Ce film rétro, et voulu tel, n’est pas du tout «de son temps». C’est une bluette intemporelle, comme toutes les bluettes. Et mystérieusement, son charme opère malgré les faiblesses.

On se demande quand même ce qu’Ozon a trouvé à Romola Garai, actrice aux talents discutables, sorte d’Asia Argento sans le bagou et le caractère. On se demande aussi pourquoi Sam Neill est, une fois de plus, confiné au rôle de l’homme amoureux ; depuis The Piano, Neill est devenu un habitué des «films de femmes», lui qui jouait Damien l’antéchrist dans The Final Conflict. Encore une fois, casting louche.

Angel est écrivaine et s’amourache d’un artiste malcommode et tourmenté. Cette histoire est inspirée de la vie et d’un roman d’Elizabeth Taylor ; «l’autre» Elizabeth, romancière british (1912-1975) à ne pas confondre avec la star hollywoodienne.

 Ozon, de son propre aveu, ici et là en entrevues, a voulu faire un mélodrame flamboyant doublé d’une petite leçon d’histoire. Surtout, il a voulu rendre ce personnage attachant et sympathique, moins sombre et pessimiste que l’écrivaine dont est inspirée cette biographie filmée.

Cette Angel ne fut pas nécessairement une grande écrivaine, doit-on comprendre, mais une femme fascinante et déterminée. Ses déboires amoureux ne suscitent que très peu d’intérêt, faute en est à Ozon qui a fabriqué ici un film conventionnel, beaucoup moins «glamour» qu’il n’en paraît à la seule lecture du synopsis.
 
Qu’importe ces réserves, il s’agit là d’une belle tranche de cinéma populaire «à l’ancienne», loin des modes et des tendances, et le spectacle, quoi qu’un peu quétaine et très convenu, est fort divertissant, bien léché. Rien de quoi crier à l’Oscar, par contre.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

**1/2
ANGEL. Drame de François Ozon. Avec Romola Garai, Sam Neill, Michael Fassbender. 2h14.

Les déboires d’une jeune écrivaine qui fricote avec un peintre malcommode.

Kitsch, avec un grand K.