Les véhicules hybrides se préparaient à assurer la transition énergétique entre le moteur à combustion et le tout électrique. Toutefois, l’accélération de la course au zéro émission risque de réduire cet intermède. À moins que les autorités ne reviennent sur leur décision de bannir, dès la prochaine décennie, les ventes de véhicules neufs alimentés par des carburants fossiles.

Il ne fait aucun doute que le moteur à explosion a pratiquement atteint son efficacité optimale. Coupure automatique à l’arrêt, désactivation des cylindres, système d’injection plus sophistiqué — pour ne nommer que ces trois technologies — ont certainement contribué à réduire la consommation des moteurs « classiques » et par ricochet les émissions qu’ils dégagent.

D’où le rôle joué par l’« hybridation » promulguée par Honda et Toyota à la fin du siècle dernier. Cette innovation qui utilise deux moteurs, l’un thermique et l’autre électrique, a été décrite comme un « gadget publicitaire⁠1 ». Les temps changent. Aujourd’hui, cette avancée technique devient de plus en plus nécessaire aux constructeurs automobiles pour atteindre les cibles fixées par les législateurs en matière de préservation de l’environnement.

Hybride minimum

Dans le but d’exploiter toutes les possibilités qui permettraient de retarder la fin du moteur à combustion interne, les marques automobiles traditionnelles ont, aujourd’hui, presque toutes recours au pouvoir de la fée électrique. Celle-ci se manifeste de différentes façons.

Plus que jamais, des constructeurs ayant de grosses cylindrées à leur catalogue ont recours à une électrification légère de leurs propulseurs. Celle-ci vise essentiellement à soulager le moteur thermique au démarrage et lors des phases d’accélération. C’est le cas de certaines camionnettes, bien sûr, mais aussi de marques élitistes (Audi, BMW, Mercedes notamment) qui assistent leurs moteurs à essence d’un alternodémarreur (fréquemment de 48 volts) associé à une toute petite batterie. Celle-ci se recharge, sans intervention de l’automobiliste, au moment des phases de freinage ou de décélération. Bien que tous les gestes comptent, cette forme d’hybridation a un impact négligeable sur l’environnement. Les gains de consommation tiennent dans un dé à coudre (moins de 1 L/100 km), mais satisfont pour l’heure — et à peu de frais — les exigences des autorités.

Pour des gains plus probants, il faut passer à l’étage au-dessus. C’est ici que l’on retrouve les hybrides traditionnels dont Toyota se fait le chantre depuis plus d’un quart de siècle maintenant. Ces hybrides ne nécessitent non plus aucune action particulière pour briller. Ils tirent profit d’une batterie plus volumineuse. Celle-ci, dans des conditions optimales, permet de circuler sur de très courtes distances (environ 2 km) en mode entièrement électrique. Cette technologie permet de réaliser des économies de carburant appréciables, surtout en ville. Sur les voies rapides, les avantages sont plus modestes, car le moteur électrique est moins sollicité pour soulager l’effort de celui à combustion interne. Le coût de cette technologie a substantiellement baissé ces dernières années, ce qui fait en sorte que le consommateur la rentabilise plus rapidement, même si elle ne bénéficie plus de remises financières de Québec ou d’Ottawa.

Le meilleur des mondes ?

L’hybride rechargeable, ou PHEV (pour Plug-in Hybrid Electric Vehicle), représente pour bien des consommateurs le compromis idéal. Cette technologie cumule les avantages de la voiture électrique et de la voiture à essence. La possibilité de ravitailler en quelques heures, sur une borne ou une prise à domicile, apparaît comme la plus belle manière de transiter vers le tout électrique. En plus d’offrir aux automobilistes de se familiariser avec la recharge, elle incite, sans risquer de tomber en panne d’électricité, à adopter un comportement plus écoresponsable au volant.

Avec une batterie d’une capacité tournant en général autour d’une dizaine de kilowattheures, une hybride rechargeable permet de parcourir plus de 60 km (dans les meilleurs cas) en mode entièrement électrique. Cela dit, il faut relativiser cette performance. Celle-ci ne se réalise que si l’on se soumet à l’obligation de recharger régulièrement cette motorisation ayant un fil à la roue. Il s’agit là d’une condition essentielle pour que l’hybride rechargeable soit vraiment vertueuse. La recharger en mouvement — c’est possible — entraîne une surconsommation tout aussi importante que de rouler avec une batterie vide. De nombreux modèles actuellement sur le marché sont admissibles à des remises gouvernementales, ce qui permet d’amortir plus rapidement le prix plus élevé de cette technologie.

1. Opinion émise par un ancien président d’Audi USA au sujet de la technologie hybride