« Cela fait cinq ans que je dis que le programme ne peut pas être éternel », a rappelé Benoit Charette, ministre de l’Environnement du Québec, au sujet du programme Roulez vert. Il a tenu promesse. À partir de 2027, l’aide gouvernementale consentie aux acheteurs de véhicules électrifiés prendra fin. Le programme a été instauré en 2012 et a, au cours de cette période, fait l’objet de plusieurs remaniements.

Aujourd’hui, ce programme accorde, entre autres, une subvention de 7000 $ aux consommateurs québécois pour l’achat d’un véhicule neuf 100 % électrique. Le budget du gouvernement du Québec prévoit notamment une réduction graduelle de cette subvention. Dès 2025, l’aide passera à 4000 $, puis à 2000 $ en 2026. Le 1er janvier 2027, c’est terminé.

L’annonce a été plutôt froidement accueillie par l’industrie (constructeurs et concessionnaires) et les militants de la première heure. Ceux-ci croient que cette décision survient beaucoup trop tôt et risque de faire déraper l’objectif du gouvernement québécois d’interdire la vente de véhicules neufs dotés d’un moteur thermique dès 2035. Ils n’ont pas tort si l’on en juge par le repli des ventes observé au cours des derniers mois en Allemagne à la suite de l’arrêt ou de la diminution de certaines aides gouvernementales.

Les ventes de véhicules électriques s’avèrent beaucoup moins dynamiques qu’auparavant. Et plusieurs constructeurs estiment que la chute sera plus abrupte encore cette année.

L’Association des constructeurs allemands (VDIK) anticipe une augmentation de seulement 14 % des ventes en 2024. Pourtant, l’Allemagne mise toujours sur 15 millions de véhicules électriques sur ses routes d’ici à 2030. Aujourd’hui, on en dénombre un peu plus de 1 million.

Ce recul de l’électrique ne se ressent d’ailleurs pas seulement en Allemagne, mais aussi ailleurs dans le monde. Déjà, de nombreux constructeurs ont déjà annoncé le report de certains véhicules électriques en raison d’une croissance moins importante que prévu des ventes. Ce repli s’explique, du côté des consommateurs, par l’absence de modèles financièrement accessibles, le nombre insuffisant d’infrastructures de recharge, l’inflation et les taux d’intérêt élevés.

En outre, de ce côté-ci de l’Atlantique, plusieurs s’inquiètent à l’approche des prochaines élections américaines et canadiennes. Les résultats de ces élections pourraient freiner davantage cette transition énergétique et isoler encore plus les États et provinces les plus progressistes, dont le Québec.