Chaque année, le même scénario se répète. Lorsque tombe la première neige, le nombre de collisions et de sorties de route grimpe en flèche.

Et chaque année, le message des autorités se répète aussi : « Adaptez votre conduite aux conditions climatiques ! » Un message qui ne vient toutefois pas avec un mode d’emploi. Or, pour plusieurs, les rudiments de la conduite hivernale demeurent flous.

En général, un conducteur prendra quatre ou cinq ans avant de faire le tour des situations à risque qu’il peut rencontrer sur la route. Recommander à un conducteur d’être prudent s’il ne connaît pas les dangers ou s’il ne sait pas voir venir une situation dangereuse s’apparente à prêcher dans le désert.

Je recommande chaudement des cours de conduite hivernale à tout nouveau conducteur, et même aux moins nouveaux qui souhaiteraient peaufiner leur art. D’ici là, voici quelques rudiments de base.

Savoir freiner

En conduite hivernale, savoir freiner est sans contredit l’une des belles qualités à posséder. Or, le meilleur conducteur ne pourra jamais faire honneur à son talent si, à la base, son véhicule n’a aucune adhérence avec la route.

Faire le choix de bons pneus d’hiver et y mettre le budget nécessaire devraient être aussi essentiels et s’exécuter avec autant d’enthousiasme que faire le choix de ses skis alpins.

Cela dit, il faudra se rappeler que même de bons pneus peuvent être parfaits dans certaines conditions, et moins performants dans d’autres. Chaque situation demande son évaluation.

Être conscient de l’efficacité de ses pneus sur une surface enneigée ou glacée est de mise. Et faire un petit test sur une route difficile peut éviter bien des ennuis. Ainsi donc, lorsque les conditions climatiques se détériorent et qu’un conducteur a la chance de n’avoir personne ni devant ni derrière lui, sur une route en ligne droite, il ne faut pas hésiter à faire un subtil test de freinage pour valider la performance de ses pneus dans ces conditions. Si un véhicule possède un système antiblocage et que celui-ci s’active déjà, le conducteur pourra mieux estimer la distance dont il aura besoin pour immobiliser son véhicule.

Faire un tel essai de freinage est important, car certains systèmes d’aide à la conduite, comme l’antipatinage ou le rouage intégral, peuvent fausser les données et surprendre le conducteur. Voilà d’ailleurs pourquoi il n’est pas rare de constater que les véhicules 4X4 sont souvent ceux qui se retrouvent les plus loin dans le décor lors d’une sortie de route. Ils ont beau avoir une plus grande capacité d’accélération, au freinage, ce n’est pas le cas.

Au-delà du freinage

Qui n’a jamais eu le réflexe de freiner en ayant l’impression d’être en situation de dérapage ? Et de freiner encore plus en observant que le véhicule n’obéit pas comme souhaité ? Perte de maîtrise assurée…

Appuyer sur les freins n’est pas toujours la bonne solution. Lorsqu’un dérapage survient, il importe de garder toujours en mémoire que ce sont d’abord et avant tout les yeux du conducteur qui dicteront où aller.

Le conducteur ne doit jamais lâcher des yeux la direction vers laquelle il souhaite diriger son véhicule, et tourner le volant dans cette direction. La personne qui regardera le fossé se dirigera tout droit dans ce fossé. À ne pas essayer.

Avoir conscience de la route

Savoir bien lire la route est également crucial pour maximiser sa sécurité, et d’autant plus en hiver. Car la route est active. En hiver, elle peut changer d’une minute à l’autre.

Peu de gens sont conscients, par exemple, que la route offre une adhérence différente entre le pneu droit et le pneu gauche de leur véhicule. Or, le jour où l’on se retrouve avec un pneu droit sur la neige et un pneu gauche sur la glace et qu’on ne l’a pas réalisé, l’instabilité se fera drôlement sentir en situation de freinage.

Dans une tempête, baisser le volume de la radio pour bien entendre le son du moteur n’est pas à dédaigner non plus. Voilà une belle habitude à prendre pour déceler la manière dont nos pneus réagissent sur la chaussée.

Douceur et anticipation

Autre élément qui a son importance : l’anticipation. Le fait d’augmenter sa distance avec les autres véhicules et de réduire sa vitesse aidera toujours le conducteur à mieux anticiper ses manœuvres et à les faire en douceur pour garder la maîtrise de son véhicule. La douceur est toujours de mise, en fait. Plus les conditions sont glissantes, plus les freins, l’accélérateur et le volant doivent être utilisés avec tact.

Enfin, ne jamais oublier que pour maîtriser son véhicule, il faut d’abord et avant tout se maîtriser soi-même. La capacité de rester calme et concentré demeure primordiale en conduite hivernale. Tout comme le respect et l’humilité vont de pair avec la sécurité.