La voiture électrique comporte moins de pièces mobiles que son équivalent à moteur à combustion. Elle requiert également moins d’entretien. Qu’à cela ne tienne, elle se révélerait moins fiable, aux dires de certains regroupements de consommateurs (Consumer Reports et Which ?). Et plus complexe à réparer aussi en raison de ses logiciels plus sophistiqués.

Les logiciels des véhicules électriques nécessitent un diagnostic que peu de techniciens sont en mesure aujourd’hui de poser. « Surtout en dehors du réseau de concessionnaires autorisés », reconnaît Patrice Lemire, directeur général du Comité paritaire automobile de la région Québec-Lévis.

« À l’heure actuelle, l’entretien d’un véhicule électrique est davantage perçu comme une spécialité presque exclusive aux concessionnaires, mais cela est appelé à évoluer. »

Les véhicules électriques commencent seulement à faire sentir leur présence sur nos routes et ils se trouvent, pour la plupart, toujours sous garantie. Cela laisse encore du temps pour préparer la formation de nouveaux techniciens, mais aussi les enseignes et les garagistes qui se demandent s’ils investissent ou non dans ce secteur.

Patrice Lemire, directeur général du Comité paritaire automobile de la région Québec-Lévis

Danielle Le Chasseur, directrice générale du Comité sectoriel de main-d’œuvre des services automobiles, ne partage pas tout à fait le même optimisme. « Il y a encore beaucoup à faire au chapitre de la formation. Nous avons eu à sauter dans un train déjà en marche. » Elle dit regretter que le gouvernement du Québec n’ait pas impliqué tous les intervenants de l’industrie avant de décréter que l’automobile neuve sera seulement électrique à partir de 2035. « Cette annonce a eu pour nous l’effet d’un tsunami, reconnaît-elle. Il y a tant à faire et cette technologie est loin d’avoir atteint sa pleine maturité. »

Alors que la formation se dessine et se raffine, il y a d’autres obstacles à surmonter. Celui du recrutement en est un. À l’heure actuelle, un technicien automobile qualifié gagne environ 90 000 $ par année. « Celui qui se spécialisera dans le véhicule électrique gagnera cette somme beaucoup plus rapidement », pense M. Lemire.

Déjà, de nombreuses concessions automobiles affichent un taux horaire plus élevé pour les véhicules électriques. Outre le salaire du technicien, ce tarif tient également compte de l’outillage, du réaménagement de l’atelier, des équipements, etc.

Main-d’œuvre, le facteur de différenciation

Les véhicules électriques coûtent moins cher à entretenir, mais pas à réparer, selon une étude réalisée par J.D. Powers en 2021. Ce n’est pas le coût des pièces qui est en cause, mais plutôt le temps nécessaire pour établir un diagnostic qui est plus long.

Pour un même défaut, l’origine de la panne peut être multiple. Celle-ci peut provenir aussi bien du logiciel central, de la batterie (d’appoint seulement) de 12 V que des assistances électroniques, dont le système de récupération d’énergie. Et, une fois le problème circonscrit – cela prend parfois des jours, nous ont dit certains lecteurs de La Presse –, on effectue la réparation. Mais avant, il faut observer certaines règles de sécurité pour éviter les décharges électriques et les incendies. D’ailleurs, il s’agit du premier module que l’on enseigne.