Il fut un temps où, telle une tradition printanière, les automobilistes québécois remplaçaient leurs pneus d'hiver par des gommes d'été. Ça allait de soi, il n'y avait pas d'autres options. Mais quand sont arrivés les pneus quatre-saisons, au courant des années 70, la majorité y a vu l'occasion rêvée de conserver les mêmes roues toute l'année. Jusqu'à ce que le gouvernement du Québec, appuyé sur de solides études, n'impose le retour des pneus d'hiver en 2008. Mais qu'en est-il des pneus d'été ?

« C'est une catégorie complètement différente qui est principalement axée sur la performance, explique Alexandre Lacoursière, propriétaire de l'atelier Clicktire, à Boucherville. Ils sont conçus pour bien fonctionner à haute température. Quand le mercure baisse, ils sont complètement inefficaces. Au-dessous de 7 degrés, c'est dur comme la roche. »

Leur performance sera ainsi presque nulle, et les risques d'aquaplanage sur une chaussée humide sont importants. Bref, M. Lacoursière soutient que ce genre de pneus n'est pas fait pour le Québec. À preuve, les pneus d'été ne représentent pas plus de 10 % de ses ventes.

«Pneus performance» plus que pneus d'été

« Ceux que l'on vend sont bien souvent destinés à une utilisation en piste, ainsi que pour les autos de grand luxe comme les Porsche ou les BMW, analyse-t-il. Ces voitures-là sont bien souvent vendues à l'origine avec des pneus d'été de haute performance, l'agrément de conduite passe donc en partie par là. Les propriétaires veulent conserver la même dynamique de pilotage, il faut donc qu'ils fassent attention à basse température, mais ils sont généralement au courant. »

Pour le commun des mortels, il n'y a donc pas de raison d'opter pour des pneus d'été, que l'on ferait mieux d'appeler pneus de performance, à bien y penser. « Les pneus d'été sont conçus de façon à offrir le meilleur agrément de conduite pour des automobilistes passionnés, précise de son côté Ron Margadonna, directeur marketing technique senior chez Michelin. Ils offrent une meilleure adhérence sur le pavé sec et humide, mais ils sont moins durables. » Sans compter qu'ils sont beaucoup plus chers, et parfois plus bruyants.

Un pneu Firestone Affinity. Photo d'archives : Robert Mailloux, La Presse

Patience avec les pneus d'hiver

Aussi, que ceux qui n'ont pas encore remplacé leurs pneus d'hiver se rassurent : rien ne sert de se précipiter au garage sitôt la date limite du 15 mars arrivée. Et à l'inverse, il n'est pas davantage avisé d'attendre au 15 décembre avant d'installer ses pneus d'hiver.

« Avec les températures en vigueur pendant les mois d'avril et de novembre, les pneus d'hiver demeurent bien souvent plus efficaces. On recommande donc aux gens de changer leurs pneus en mai et en octobre.

« Nous avons même un client qui se rend en Floride chaque année avec ses pneus d'hiver, poursuit-il. Même à 25 degrés, ça ne change pas grand-chose, il suffit d'avoir une conduite modérée, parce que les pneus d'hiver sont plus mous. »

S'il est permis de patienter sans problème avec nos pneus d'hiver, pourquoi ne pas opter pour des pneus d'été dans ce cas ? « Les nuits peuvent être fraîches, on voit encore des températures qui peuvent continuer de frôler  le zéro en mai, l'asphalte peut donc être froid au petit matin, avertit M. Lacoursière. Avec les risques associés, il faut donc être bien sûr que c'est la performance pure que le client cherche. Sinon, le pneu quatre-saisons va être à tout coup plus approprié. »

Pneu d'hiver Goodyear Ultra Ice Grip. Photo : Robert Mailloux, Archives La Presse