Plusieurs publicités d'automobiles neuves sont encore trompeuses et enfreignent la Loi sur la protection du consommateur. Malgré certaines améliorations, le manque de discipline de l'industrie est tel que l'Association pour la protection des automobilistes (APA) et le magazine Protégez-Vous qualifient le problème de «sérieux» et de «grave».

«Publicités des autos neuves: on vous cache encore des choses», titre à la une le guide automobile du magazine, en kiosque aujourd'hui. En ouverture de ce numéro annuel, l'APA et Protégez-Vous rappellent le devoir de transparence des commerçants et soulignent les pratiques douteuses de certains, exemples à l'appui. Publicité dont la photo ne correspond pas au modèle vendu, offre de remboursement bihebdomadaire et non mensuel, versements calculés sur sept ans sans que l'échéancier de remboursement soit précisé... Ces pratiques sont répréhensibles, précise Jean-Jacques Préaux, porte-parole de l'Office de la protection du consommateur (OPC), mais impossibles à réprimer tant qu'il y a une mise en garde quelque part. De quelque manière que ce soit.

En ce qui concerne les concessionnaires et les constructeurs, «le problème est sérieux, grave, affirme le président de l'APA, George Iny. On aimerait une prise de conscience, c'est à dire une meilleure discipline».

Concessionnaires et constructeurs doivent pourtant montrer patte blanche dans leurs publicités. Depuis le 30 juin 2010, la Loi sur la protection du consommateur précise que «le prix annoncé doit comprendre le total des sommes que le consommateur devra débourser pour l'obtention d'un bien ou d'un service», exception faite de la TPS et de la TVQ. Les prix indiqués dans les publicités d'automobiles doivent comprendre les frais de transport et de préparation, la taxe d'accise sur le climatiseur, les droits sur les pneus et tous autres frais d'administration. Dans l'affichage et les publicités, «le prix annoncé doit ressortir de façon plus évidente que les sommes dont il est composé».

En observant un journal, on constate aisément à quel point la loi n'est pas respectée. Le nombre de contrevenants n'est pas chiffré. En septembre dernier, le CAA-Québec a estimé que 50% seulement des vendeurs d'automobiles se conformaient au règlement sur l'affichage des prix tout inclus. Le club note que le problème existe toujours, mais de manière moins flagrante.

Pour contourner ces nouvelles dispositions ou pour confondre le consommateur, certains se montrent particulièrement créatifs. «Les publicitaires au Québec sont très habiles», reconnaît Jean-Jacques Préaux.

La Corporation des concessionnaires automobiles du Québec affirme soutenir la loi. «On a fait parvenir les nouvelles règles à nos concessionnaires, on a fait des rappels. Plus on avance, plus la loi est respectée. Le mot d'ordre est de respecter la loi», soutient son président, Jacques Béchard.

Sur le marché d'occasion, un «nettoyage» en la matière a été entrepris il y a cinq ans. Sur celui des véhicules neufs, l'APA demande l'aide des consommateurs et les appelle à la vigilance «en attendant que l'État fasse son travail». L'OPC sait très bien que les publicités d'automobiles ne respectent pas toutes sa loi. Le problème, c'est qu'il livre une bataille du même genre depuis quelques mois dans le domaine du transport aérien. L'APA ne s'attend pas à une intervention de l'Office avant au moins six mois. Intervention il y aura «dans les prochaines semaines, les prochains mois», dit M. Préaux.

Photo Bloomberg News

Les infractions à la loi sur la protection des consommateurs concerneraient majoritairement le marché des véhicules neufs.