Jeudi dernier, aux alentours de 17h, Charles Grenier a cessé de croire aux miracles. Au bout du fil, son garagiste lui a appris que les pneus d'hiver qu'il souhaitait enfiler à son Infiniti toute neuve se font toujours attendre. «Il faudra probablement patienter quelques jours encore», ajoute le garagiste. Ce matin, avec l'entrée en vigueur de la loi québécoise sur les pneus d'hiver, Charles Grenier laissera chez lui sa voiture mal chaussée. Parions qu'il ne sera pas le seul.

Qu'ils soient âgés de 10 ou 15 ans ou qu'ils soient neufs et équipés des dernières technologies assurant votre sécurité; qu'ils soient hybrides ou alimentés à l'huile de friture; qu'ils soient d'origine américaine ou coréenne, tous les véhicules immatriculés au Québec (environ 4,5 millions) ont néanmoins aujourd'hui une chose en commun: leurs jantes s'enveloppent toutes de pneus d'hiver. C'est la loi.

 

On estime pourtant que, ce matin, près du tiers du parc automobile québécois ne la respectera pas. Info ou intox? On n'en sait trop rien, mais une chose est sûre: les forces de l'ordre ont le mandat de faire appliquer ce nouveau règlement dès aujourd'hui. Mais certaines le feront avec moins d'empressement que d'autres, a-t-on appris auprès de quelques corps policiers du Québec.

«Disons simplement que ce n'est pas une priorité», explique un policier de Montréal. «Des vérifications, il y en aura, mais seulement si nous voyons, par exemple, une voiture patiner exagérément à un coin de rue ou encore à la suite d'un accrochage. Pas question de zèle, cependant», souligne ce policier, qui ne sait trop comment interpréter l'ensemble de ce règlement. «Si nous interpellons un conducteur dont le véhicule est dépourvu de pneus d'hiver, on lui remet une contravention et on le laisse repartir ou on le fait remorquer?» questionne-t-il. La SAAQ n'a pas la réponse, mais Transports Québec, si: «Nous nous en remettons au bon jugement du policier», confirme Jean-Charles Charest, agent d'information au ministère des Transports du Québec (MTQ). Votre policier, il est zélé ou pas?

On ne reviendra pas sur les détails de ce règlement 440.1, si ce n'est pour signaler qu'un dossier complet se trouve déjà sur notre site internet (www.monvolant.ca). Rappelons seulement que chaque contrevenant s'expose à une amende variant entre 200$ et 300$, mais qu'aucun point d'inaptitude ne sera imputé au permis de conduire, contrairement à l'utilisation d'un téléphone portable, qui entraîne une pénalité de deux points. Pourquoi donc? Il s'agit bien, maintenant, d'une infraction au Code de la sécurité routière, non?

Pour sa part, Charles Grenier n'entend prendre aucun risque. Le jour où ses pneus débarqueront chez le détaillant et seront prêts pour le montage, il compte s'y rendre avec, en poche, un certificat d'exemption délivré par la SAAQ l'autorisant à circuler durant sept jours sur les routes du Québec. C'est là qu'il fait erreur, car aucun certificat ne pourra lui être délivré (1), pas même pour quelques heures. Soit il s'expose à une amende, soit il fait remorquer son véhicule. À lui de choisir.

Sur la route

Obnubilés sans doute par l'entrée en vigueur de ce nouveau règlement sur les pneus d'hiver, nous avons passé sous silence l'entrée en vigueur de deux autres règlements portant sur la vitesse et l'alcool au volant. En effet, depuis le 7 décembre dernier, les personnes qui conduisent avec les facultés affaiblies ou qui commettent de grands excès de vitesse recevront des sanctions plus sévères.

Pour la conduite avec facultés affaiblies: suspension immédiate du permis de conduire (90 jours) et saisie immédiate du véhicule (30 jours). Quant aux grands excès de vitesse: nombre de points d'inaptitude doublé et amende doublée ou triplée. Rappelons que, au sens de la loi, un conducteur commet un grand excès de vitesse s'il dépasse: de 40 km/h ou plus la limite de vitesse de 60 km/h ou moins; de 50 km/h ou plus la limite de vitesse de plus de 60 km/h et d'au plus 90 km/h; enfin, de 60 km/h ou plus la limite de vitesse de 100 km/h.

(1) Un certificat d'exemption sera notamment délivré pour les sept premiers jours qui suivent l'acquisition d'un véhicule de promenade (neuf ou d'occasion) auprès d'un commerçant ou d'un particulier, et muni d'un certificat d'immatriculation temporaire. Si vous utilisez votre véhicule pour quitter le Québec ou pour y revenir, vous pourrez bénéficier de la même exemption afin de munir le véhicule de pneus d'hiver.