Acheter ses pneus aux États-Unis par Internet peut être attrayant, mais toujours faut-il bien s'informer avant de passer sa commande. Selon les personnes interrogées par Le Soleil, l'économie ne serait pas évidente et cela s'adresse plutôt aux consommateurs avertis...

Le Soleil a lu ceci dans un blogue du site LesAffaires.com : «J'ai équipé ma voiture de pneus d'hiver, en achetant par Internet aux États-Unis. Le tout livré par UPS à la maison et après installation sur l'auto, je sauve encore 200 $, en incluant toutes les taxes et la livraison, etc.»

En vérifiant dans certains sites de vendeurs de pneus américains, on peut constater un écart évident entre les prix américain et canadien. Il y a un mais...

Gilles Paquette, directeur des communications de l'Association canadienne de l'industrie du caoutchouc (ACIC), explique qu'à prime abord, cela peut sembler intéressant, mais qu'en ajoutant tous les frais - l'expédition, le dédouanement et l'installation - , on risque d'arriver au même résultat.

«On peut économiser 6 ou 7 % sur le prix d'achat, mais si on achète un pneu fabriqué hors de l'Amérique du Nord, on devra payer les frais de douane de 6 ou 7 %», ajoute M. Paquette. Il faut se rappeler que les pneus fabriqués aux États-Unis, au Mexique ou au Canada, et achetés aux États-Unis, sont exempts de frais de douane, en vertu des ententes de libre-échange entre ces trois pays.

«Ce qui est difficile à savoir du premier coup», affirme M. Paquette. Les grands manufacturiers de pneus, bien qu'ils aient des usines en Amérique du Nord, peuvent aussi fabriquer des pneus en Europe et en Asie.

Installation

Quant à l'installation, le porte-parole de l'ACIC soutient que le consommateur devra payer le prix régulier, alors que la pratique courante dans l'industrie consiste à inclure ces frais avec le coût d'acquisition des pneus.

Confirmant les dires de M. Paquette, Charlyne Ratté, de Pneus Ratté de Québec, soutient également que les frais d'installation ne seraient pas plus élevés pour le client qui arrive à son commerce avec des pneus neufs dans son coffre que pour celui qui fait un changement saisonnier de pneus.

«C'est un phénomène qui existe, explique Mme Ratté. Cela fait partie d'une réalité», en ajoutant que son entreprise négocie présentement avec un gros vendeur américain sur Internet, Tire Rack, afin que ses garages soient affichés dans la liste des établissements recommandés pour l'installation dans la région de Québec. «Présentement, ils (Tire Rack) n'en proposent aucun dans la région.»

Les garanties peuvent aussi causer des problèmes. Selon M. Paquette, les pneus dits spécialisés (pneus de ultra haute performance appelés UHP dans l'industrie) ont généralement des garanties plus pointues et elles pourraient être invalides pour des pneus achetés aux États-Unis.

Pour les mordus

«La clientèle qui achète des pneus sur Internet, ce sont plus des mordus ou des adeptes de tuning, analyse Charlyne Ratté. La majorité des gens détestent magasiner pour des pneus et, en plus, ils veulent encore moins les recevoir à la maison. Ça prend des tripeux!» Selon Mme Ratté, ceux qui recherchent des produits qui sortent hors des sentiers battus ont avantage à magasiner sur Internet. Pour les autres, les désagréments autour de la réception de pneus à la maison ne valent pas les quelques dollars économisés.

Enfin, ceux qui ont à coeur la protection de l'environnement risquent d'être déçus. «Au Canada, chaque province perçoit des taxes sur l'environnement (comme le fait Recyc-Québec), explique Gilles Paquette. Plusieurs vendeurs américains sur Internet ne perçoivent pas ces taxes.»