La version brésilienne de Belles-Sœurs, la comédie musicale de René Richard Cyr et Daniel Bélanger, d’après la pièce de Michel Tremblay, effectuera une tournée en France l’été prochain. Sous la supervision d’Ariane Mnouchkine.

Le spectacle As Comadres sera présenté en juin 2021 au Théâtre national populaire de Villeurbanne, près de Lyon. Il s’arrêtera aussi à Bordeaux et à la Cartoucherie à Paris, la maison de théâtre d’Ariane Mnouchkine, celle qui a produit As Comadres au Brésil, l’an dernier. Il s’agissait de la première fois que la réputée directrice du Théâtre du Soleil montait un spectacle à l’extérieur de sa compagnie, fondée en 1964.

À noter, chose rare dans une nouvelle production au théâtre, Ariane Mnouchkine a repris la mise en scène de René Richard Cyr, en faisant une fine analyse de la captation vidéo du spectacle musical, créé en mars 2010, au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui à Montréal.

Une note « parfaite » pour Cyr

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LAPRESSE

Au premier plan, René Richard Cyr, avec le comédien Benoit McGinnis, en février 2020, durant les répétitions d’Hedwig et le Pouce en furie, spectacle reporté en janvier 2021.

Décor et costumes identiques, jeux de scène et déplacements sans modifications, etc. « La mise en scène était parfaite, pourquoi aurait-il fallu la modifier ? », explique Mme Mnouchkine, sur le site de sa compagnie. « Je n’ai fait qu’un travail de transmission, une copie à la manière des peintres qui copiaient les chefs-d’œuvre dans les musées… »

Alors, comment le principal intéressé prend-il le compliment ? « Bien sûr que je suis flatté », répond Cyr, joint par La Presse mercredi après-midi. Ariane Mnouchkine représente — et ce, depuis que j’ai vu son formidable film Molière — une figure importante du théâtre et de l’art. Le travail de création fait au prestigieux Théâtre du Soleil est exemplaire ! C’est une reconnaissance énorme et inattendue qu’elle ait décidé de reprendre, à la lettre, mon adaptation et ma mise en scène. Je n’aurais pas pu souhaiter meilleure bénédiction ! Et voilà que le show sera en France. Je suis ému à l’idée d’aller applaudir les comédiennes brésiliennes, en juin prochain. »

Germana Lauzon…

La scène se passe en banlieue de Rio de Janeiro dans les années 1960. Comme dans le texte de Tremblay, Germana réunit 15 femmes autour de sa table de cuisine pour l’aider à coller 1 million de timbres, gagnés à la loterie, et à remplir ses carnets d’achats. La musique de Daniel Bélanger est toujours de la partie. Le texte et les chansons sont en portugais brésilien, dans la traduction de Julia Carrera. Le spectacle a été accueilli avec enthousiasme par le public brésilien au printemps et à l’été 2019.

« Guerrières du quotidien, Germana, ses belles-sœurs, sa fille et ses voisines jouent, chantent, dansent et pleurent leurs espoirs et leurs malheurs. Dans un contexte social et culturel asphyxié, cette comédie musicale est un véritable acte de résistance, artistique et politique, à la condition imposée aux minorités, aux femmes, aux artistes, au pays » dirigé par Jair Bolsonaro, peut-on lire sur le site de la programmation du TNP Villeurbanne.

Par ailleurs, René Richard Cyr est le sujet d’un nouveau livre d’entretiens, L’entremetteur en scène, sous la plume du journaliste André Ducharme. L’ouvrage paraîtra le 30 septembre chez Leméac.

Y aurait-il un parfum de reprise théâtrale dans l’air ?