Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Quartett, du dramaturge allemand Heiner Müller, ressuscite les deux protagonistes du roman de Laclos Les liaisons dangereuses (1782): le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil. Avec pour seule indication de temps et de lieu: «Un salon d'avant la Révolution française - Un bunker d'après la Troisième Guerre mondiale». Ève Pressault interprète Merteuil, qui retrouve Valmont (Adrien Bletton) dans ce huis clos où les deux libertins rejouent la chute de leurs victimes. Elle incarne Valmont, tandis que lui interprète Tourvel. Puis, Valmont joue son propre rôle, tandis que Merteuil prend les traits de Cécile de Volanges. «C'est un peu leur dernier cri avant de disparaître, les derniers soubresauts d'une passion amoureuse», nous dit la comédienne qui a déjà joué dans la pièce en 2015 sous la direction de Solène Paré. Pourquoi incarner leurs victimes? «Il y a quelque chose de très bestial dans cet exercice. Ils sont devenus tellement insensibles à leur propre cruauté qu'il y a chez eux un plaisir à aller très loin dans ces jeux pour voir s'ils sont encore capables de ressentir quelque chose, explique Ève Pressault. Comme ceux qui consomment de la pornographie et qui vont toujours plus loin pour s'exciter...»

Quartett. À l'Espace Go, du 19 mars au 6 avril.

ICI, en direct du Centre-Sud

Gabrielle Lessard s'interroge sur l'impact qu'a eu la construction de la tour de Radio-Canada dans le quartier Centre-Sud de Montréal, notamment avec la disparition du « Faubourg à m'lasse ». Une pièce défendue sur scène par les comédiens Sébastien René, Catherine Paquin-Béchard et Anne Trudel.

Nouvelle saison au CNA: Parce que la nuit ouvre la saison du Théâtre français

Le Centre national des Arts (CNA) d'Ottawa a dévoilé samedi la programmation de sa prochaine saison en musique, en danse et en théâtre. La directrice artistique du Théâtre français, Brigitte Haentjens, y présentera sa pièce Parce que la nuit, qui s'intéresse au parcours artistique de Patti Smith. J'aime Hydro, de Christine Beaulieu, et Bonne retraite, Jocelyne, de Fabien Cloutier, sont également au programme. Côté anglais, Jillian Keiley mettra en scène l'adaptation théâtrale de The Neverending Story. On pourra également voir Requiem pour L. d'Alain Platel, de la compagnie Les ballets C de la B, Le magicien d'Oz du Royal Winnipeg Ballet, Chilly Gonzales et Buffy Sainte-Marie.

Danse: Ouvrir le dialogue

Né en Chine, où il a commencé sa carrière de danseur, Wen Wei Wang est arrivé au Canada au début des années 90. Il a un CV bien fourni, lui qui a dansé et chorégraphié pour plusieurs compagnies, dont les Ballets Jazz de Montréal, et la sienne, le Wen Wei Dance. Il est reconnaissable à son phrasé à la fois fluide et complexe et à ses oeuvres dont les thèmes s'inspirent souvent de ses expériences personnelles. C'est le cas de Dialogue, pièce pour six danseurs qui aborde le délicat sujet de l'intégration d'un immigrant à une nouvelle culture dont il ne comprend pas les codes. Un point de départ qui sert à explorer l'idée de communication universelle et d'expérience collective.

Danse: L'Amérique réinventée

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Céline Bonnier joue le rôle principal dans la pièce Parce que la nuit

C'est ce soir que s'ouvre le spectacle Backbone, création de la compagnie torontoise Red Sky Performance. Huit interprètes autochtones originaires du Canada, mais aussi de la Nouvelle-Zélande, de la Mongolie et des États-Unis, sont réunis sur scène pour offrir une danse traversée d'énergie électrique traçant le lien viscéral des peuples avec le territoire - représenté ici par la chaîne de montagnes qui traverse les trois Amériques comme une barrière autant physique que culturelle à surmonter. Chants de gorge, nappes sonores et percussions jouées en direct mettent la table pour cette chorégraphie signée Sandra Laronde, Jera Wolfe et Ageer.

Théâtre multidisciplinaire: Reconstruire les futurs possibles

En première nord-américaine, le Theatre Junction débarque à l'Usine C avec sa création multidisciplinaire et multimédia qui s'interroge sur l'impact des nouvelles technologies sur la société. Mark Lawes et Raphaële Thiriet y convoquent danse, philosophie, essai poétique, musique pop-rock, installation et vidéo dans un chantier de (re)construction des futurs possibles. Se déclinant en trois modules suivant le cycle de vie d'une étoile, La trilogie supernova sera présentée en version intégrale de trois heures les 22 et 23 mars. On pourra découvrir le module 1 seul, Supersaturés, le 21 mars.

Aussi à l'affiche...

PHOTO DAVID HOU, FOURNIE PAR DANSE DANSE

Backbone de Red Sky Performance

La maison aux 67 langues

De Jonathan Garfinkel, traduction de François Archambault, mise en scène de Philippe Lambert À La Licorne, jusqu'au 23 mars

Un chêne

De Tim Crouch, mise en scène de Charles Dauphinais À la salle intime du Prospero, jusqu'au 23 mars

Le terrier

De David Lindsay-Abaire, mise en scène de Jean-Simon Traversy Au Théâtre Jean-Duceppe, jusqu'au 23 mars

Première neige/First Snow

De Davey Anderson, Philippe Ducros et Linda Mclean, mise en scène de Patrice Dubois Au Théâtre de Quat'Sous, jusqu'au 23 mars

Persée

D'Olivier Ducas, Mathieu Gosselin et Francis Monty Aux Écuries, jusqu'au 23 mars

Dance Me

Spectacle des Ballets Jazz de Montréal, sur la musique de Leonard Cohen Au Théâtre Maisonneuve, jusqu'au 23 mars

Guérilla de l'ordinaire

De Marie-Ève Milot et Marie-Claude St-Laurent Au Théâtre d'Aujourd'hui (salle Jean-Claude-Germain), jusqu'au 28 mars

Une maison de poupée

D'Ibsen, mise en scène de Benoît Rioux Au Théâtre Denise-Pelletier (salle Fred-Barry), jusqu'au 29 mars

Clean Slate

De Catherine Chabot, traduction de Jennie Herbin, mise en scène de Leslie Baker À La Chapelle, jusqu'au 30 mars

Somnambules

De Geneviève L. Blais Dans le quartier Côte-des-Neiges, jusqu'au 31 mars

Parce que la nuit

De Brigitte Haentjens et Dany Boudreault, mise en scène de Brigitte Haentjens À Espace Go, jusqu'au 31 mars

Edgar Paillettes

De Simon Boulerice, mise en scène de Simon Boulerice et Caroline Guyot À la Maison Théâtre, jusqu'au 31 mars

Les larmes amères de Petra Von Kant

Adaptation de Gabriel Plante, traduction de Frank Weigand, mise en scène de Félix-Antoine Boutin Au Théâtre Prospero, jusqu'au 6 avril

Lignes de fuite

De Catherine Chabot, mise en scène de Sylvain Bélanger Au Théâtre d'Aujourd'hui, jusqu'au 6 avril

The Shoplifters

Écrit et mis en scène par Morris Panych Au Centaur Theatre, jusqu'au 7 avril

L'éducation de Rita

De Willy Russe, mise en scène de Marie-Thérèse Fortin Au Théâtre du Rideau Vert, jusqu'au 20 avril

La Société des poètes disparus

De Tom Schuman, traduction de Maryse Warda, mise en scène de Sébastien David Au Théâtre Denise-Pelletier, du 20 mars au 26 avril

PHOTO MARK LAWES, FOURNIE PAR L'USINE C

La trilogie supernova est présentée en première nord-américaine à l'Usine C cette semaine.