Toutes les semaines, La Presse échange avec un artisan d'une pièce de théâtre d'été. Aujourd'hui, conversation sur le pouce avec Sébastien Dodge, assis à la terrasse d'une pâtisserie du Mile End. L'homme de théâtre signe et met en scène sa toute première comédie estivale, au Théâtre des Grands Chênes à Kingsey Falls, avec la pièce Repas de famille.

Disons les choses sans détour: on est pour le moins étonné de voir l'auteur de La genèse de la rage et La guerre convoler du côté du théâtre d'été...

En effet, je ne fréquente pas les théâtres d'été, et Repas de famille est une première incursion pour moi dans le théâtre privé. Il y a trois ans, un ami comédien m'a dit que je devrais écrire une comédie estivale. Il avait vu mes créations et il m'en croyait capable. Je devais transposer mon humour, très satirique, dans un registre plus populaire. Le défi était d'écrire des situations réalistes avec des répliques punchées, vitrioliques. Or, j'ai trouvé l'exercice à la fois amusant et très constructif.

Et le thème de la famille s'est tout de suite imposé?

Oui. Bien sûr, c'est un sujet universel et inépuisable, mais c'est aussi un sujet que je connais fort bien. De mon côté et de celui de ma blonde, j'ai plusieurs familles aussi différentes que nombreuses.

Résumez-nous votre pièce en quelques mots.

Un couple de baby-boomers [Diane Jules et Jean-Léon Rondeau] reçoit sa famille à souper pour l'Action de grâce. Comme chaque année. Après un départ calme, la soirée va tourner au vinaigre et virer en conflit intergénérationnel. On découvrira la vraie nature des hôtes et de leurs proches. À travers des situations comiques assez classiques, j'aborde des thèmes plus sérieux: la critique du système néolibéral et de l'économie de marché; les rapports entre les générations; le partage de la richesse, le bien commun, et même l'inceste...

Oh, d'accord! On sort effectivement de la zone de confort du théâtre d'été!

Mais ce n'est pas une charge sociale. Ça reste un divertissement. Le public va voir une comédie populaire, écrite en sitcom, avec des pointes d'humour au second degré contre la surconsommation ou le crédit, par exemple. Et je dirige des acteurs qui ont un sens du timing incroyable, comme Marie-Soleil Dion et Diane Jules!

Outre Repas de famille, votre été ressemblera à quoi?

Deux semaines de vacances en famille, au début d'août, à la montagne et à la rivière pour recharger mes piles. Puis, j'entre en répétitions avec Luce Pelletier et son Théâtre de l'Opsis. Dès le 18 septembre, je joue dans Les enfants d'Adam au Monument-National, une pièce islandaise qui parle aussi d'une famille hors norme et aborde le choc des visions générationnelles. Je partage la scène avec des interprètes de talent: Dorothée Berryman, Anne-Élisabeth Bossé, Daniel Parent et Marie-Ève Pelletier. 

Je suis aussi en train d'écrire un gros projet: un opéra rock historique sur la Conquête de 1759-1760. En faisant mes recherches, je constate que la corruption était déjà bien installée en Nouvelle-France à l'époque de Lévis et de Montcalm.

Comme dit le sage, on n'invente rien...

Hélas, non. D'où mon choix de créer un opéra rock: il faut bien chanter la douleur!

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Repas de famille de Sébastien Dodge. Au Théâtre des Grands Chênes, jusqu'au 26 août.