Table rase a fait grand bruit dans le milieu théâtral l'hiver dernier. Cette pièce, dont la mise en scène est signée par Brigitte Poupart, revient à l'Espace Libre du 10 au 21 janvier. Le public assiste au dernier souper de six amies, dont l'une d'entre elles - atteinte d'une maladie incurable - se meurt.

«Nous avons beaucoup dit de cette pièce: "Ah, une gang de filles qui parlent crûment!" Et nous avons fait les manchettes avec ça. Mais nous avons peu parlé de la genèse de ce projet», dit celle qui a notamment signé la mise en scène de Luzia du Cirque du Soleil.

Six finissantes du Conservatoire d'art dramatique de Montréal (Catherine Chabot, Vicky Bertrand, Marie-Anick Blais, Rose Anne Déry, Sarah Laurendeau et Marie-Noëlle Voisin) ont approché Brigitte Poupart «parce qu'elles n'avaient pas de travail et voulaient se mettre au monde en créant un spectacle». La metteure en scène a accepté de collaborer avec elles à condition qu'elles fassent un long travail de création, «en profondeur». Pendant deux ans, à partir entre autres d'ateliers d'improvisation, elles ont ainsi conçu Table rase.

«Nous sommes parties d'elles [les comédiennes], de leurs bagages et ensuite nous en avons fait des personnages de fiction. C'est vraiment un jeu entre la réalité et la fiction», dit l'actrice que nous pourrons voir dans le prochain film de Robin Aubert, Les affamés.

«Ce qui était très, très important pour moi, c'était de voir une réunion de filles qui n'étaient pas dans la "bitcherie", qui n'est pas dans les règlements de compte et qui est plutôt dans l'amitié et la solidarité», dit Brigitte Poupart, dont sa compagnie théâtrale Transthéâtre mise beaucoup sur des créations portées par des femmes.

Brigitte Poupart travaille également sur la mise en scène et l'adaptation de Glengarry Glen Ross de David Mamet, présentée à l'Usine C en mai.

Les choix de Brigitte Poupart

Lieu: Dièse Onze

«Mon lieu de prédilection à Montréal est le Dièse Onze. Nous y retrouvons des bands exceptionnels, comme nous pouvons en retrouver à New York. Et malheureusement, il n'y en a pas beaucoup des lieux comme ça à Montréal. Et tous les mercredis soir, c'est The Brooks; l'événement à ne pas manquer. Ça fait des années que je me tiens là, il y a toujours de grands musiciens et ça ne coûte pratiquement rien.»

Théâtre: The Encounter de Simon McBurney

Brigitte Poupart a passé les six derniers mois à New York où elle a vu une pièce époustouflante, The Encounter. «Je n'avais pas vu quelque chose comme ça depuis longtemps. Le fond et la forme se rencontrent pour les bonnes raisons: Simon McBurney est seul sur scène, entouré de micros, dont un ambisonique. Chaque spectateur a des écouteurs, donc lorsqu'il parle près des micros, on dirait qu'il est à côté de nous. Il nous raconte l'histoire d'un journaliste du National Geographic qui fait un reportage sur une tribu très éloignée en Amazonie», raconte Brigitte Poupart. Elle affirme qu'un voyage à New York, uniquement pour voir ce spectacle, vaut le coup.

Musique: Oobopopop de Valaire

«Ils sont allés dans leur grande force pour cet album, c'est-à-dire, la musique. Ce sont de grands musiciens, ils offrent un mélange de jazz-funk-techno. C'est riche, riche, riche. C'est profond. Un album qui s'écoute, qui se danse. Je trouve que c'est exceptionnel. Ils vont sortir un spectacle bientôt, je ferai la mise en scène. La première est au Club Soda, le 1er mars.»

Exposition: Manifesto de Julian Rosefeldt

Le souhait 2017 de Brigitte Poupart? Voir l'exposition Manifesto à Montréal, présentement présentée à New York, au Park Avenue Armory. «Le réalisateur et artiste Julian Rosefeldt a fait 13 petits films qui présentent des manifestes. Cate Blanchett se métamorphose complètement en 13 personnages, par exemple une femme itinérante. Et ces personnages finissent par dire le manifeste. C'est absolument génial!», dit-elle.

Lieu: Divan orange

«Un autre de mes souhaits est que nous gardions le Divan orange. Nous n'en avons pas beaucoup de lieux comme ça; c'est un endroit de créations artistiques extrêmement important. Il faut des lieux comme celui-là. Je trouverais ça bien dommage qu'on ne soutienne pas ce lieu où j'ai vu tellement d'artistes comme Patrick Watson, Beast... Il y a des soirées improvisées exceptionnelles, il se passe quelque chose.»