Présentée au Café Cléopâtre jusqu'au 23 août dans le cadre de Fierté Montréal, la pièce Léo: une course contre la honte relate la jeunesse tourmentée de son auteur, Puelo Deir. Le seul rôle de cette tragicomédie est joué par le comédien montréalais Alexandre Iannuzzi.

Écrite en 2004, Léo: une course contre la honte est une pièce tirée de la vie de Puelo Deir, de sa petite enfance jusqu'à l'âge de 17 ou 18 ans. Léo découvre le monde qui l'entoure, une découverte pas toujours simple quand on est homosexuel. Alors, Léo court tout le temps. Pour fuir ce sentiment désagréable de ne pas être «comme tout le monde». Pour se protéger aussi, car son entourage l'empêche de vivre pleinement sa singularité. 

La pièce, qui sera présentée 10 fois au Café Cléopâtre, n'est pas pour autant misérabiliste. Elle évoque aussi comment Léo parviendra à surmonter les obstacles et à réussir sa sortie du placard. «Cette pièce traite de sujets assez lourds tels que l'agression sexuelle d'un enfant ou la pédophilie, ainsi que le fait d'avoir des relations sexuelles quand tu es jeune et vulnérable, dit Puelo Deir. Mais c'est aussi une aventure humoristique, qui ouvre la porte à l'espoir.»

Adaptée en français et mise en scène par Philippe Gobeille, Léo: une course contre la honte est un monologue d'une heure et demie interprété par Alexandre Iannuzzi. Le jeune comédien de 21 ans avait joué le rôle du DJ dans la pièce Saint-Jude du Village, présentée l'an dernier dans le cadre de Fierté Montréal.

«On l'avait beaucoup aimé dans cette pièce, alors quand on a décidé de monter Léo cet hiver, on a tout de suite pensé à lui, dit Puelo Deir. Parce qu'il chante, qu'il a du guts, qu'il sait être vulnérable et, en même temps, montrer le côté plus dur de Léo.»

Lire entre les lignes

Quand Alexandre Iannuzzi a reçu le texte de la pièce, il a été comblé. «J'ai adoré le sujet, dit-il. Il y a bien des connexions avec Saint-Jude du Village, en ce sens où la pièce traite de l'homosexualité, durant les mêmes années 70 et 80 et dans les mêmes endroits. Mais c'est un texte complètement différent.»

Un texte de 43 pages qu'il a dû maîtriser, ce qui n'a pas été évident pour une autre raison que celle de la mémoire. «Il y a des parties plus faciles à apprendre que d'autres, mais ce n'est pas tant d'apprendre par coeur que de comprendre ce qui est écrit entre les lignes», dit-il.

«Le texte de Puelo est cru, mais il y a beaucoup de choses entre les lignes. C'est comme si j'avais aussi 43 pages d'un texte non écrit. Mon principal défi a été de donner vie à Léo de la bonne façon.»

Il s'agit d'une première expérience de monologue pour Alexandre Iannuzzi. «C'est très difficile, mais j'ai la chance d'avoir Philippe Gobeille comme metteur en scène, dit le comédien. Toute son attention est sur moi. C'est dur, ça fait peur, mais c'est une expérience extraordinaire, car je n'ai pas besoin de me préoccuper des autres acteurs, et Philippe me dirige vers la bonne direction.»

L'entracte est un baume pour le comédien. Elle lui permet de respirer un peu. «Il y a tellement de choses durant l'acte I et beaucoup d'autres qui s'en viennent pendant l'acte II que la pause est bienvenue, dit-il en riant. On respire, on boit de l'eau, on se pompe et on repart! C'est une vraie course!»

Alexandre Iannuzzi ajoute que le fait d'être homosexuel l'a aidé pour son interprétation. «Je peux faire beaucoup de connexions avec ma propre histoire, dit-il. Mon homosexualité a été beaucoup plus facile à vivre que celle de Léo, mais je me suis retrouvé, moi aussi, étant jeune, face à un monde sportif et anglophone plutôt fermé. Je comprends donc pourquoi il réagit comme il le fait. Et pourquoi son seul mécanisme de défense, c'est de courir.»

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Au Café Cléopâtre (1230, boulevard Saint-Laurent) jusqu'au 23 août.