En général, c'est bien mieux de le faire que d'en parler! Toutefois, Jasmin Roy réfute cette allégation avec Ma première fois, présenté au Monument-National. Ce spectacle parle de sexe durant 90 minutes. Uniquement de ça.

Oreilles chastes, s'abstenir. Car on raconte de façon assez crue (le spectacle s'adresse aux 16 ans et plus) les premières expériences sexuelles d'hommes et de femmes de tous les genres et libidos. Avec gestes lubriques et moult déhanchements du bassin à l'appui.

Jasmin Roy signe la mise en scène et l'adaptation québécoise de la pièce du New-Yorkais Ken Davenport. Il a monté un spectacle drôle, très rythmé. (Le metteur en scène semble avoir fait ses classes chez Denise Filiatrault!) Cette comédie efficace, basée sur des témoignages de plusieurs personnes, portée par une excellente distribution, risque de faire mouche auprès du public.

La scénographie de Jean-Marc Saumier est simple: quatre tabourets, des volets, des éclairages soignés, quelques projections de statistiques et d'informations au sujet de la sexualité. Cela convient parfaitement pour un spectacle à sketchs, où l'on passe d'un numéro à l'autre sans crier gare. La production repose donc sur la livraison et le jeu des interprètes. Ici, Roy dirige habilement quatre talentueux comédiens. Retenez leurs noms - Jonathan Roberge, Marie Soleil Dion, Roxane Bourdages et Martin Vachon -, ces acteurs ne risquent pas de chômer ces prochaines années!

Variations sur un thème cru

Pendant 90 minutes, les courtes scènes s'enfilent pour nous faire revivre les premières fois des uns et des autres. Malgré un thème redondant, ces histoires (de cul) se suivent et ne se ressemblent pas. À quel âge, avec qui, à quel endroit, dans quel état? La pièce présente des variations sur un même thème avec beaucoup de détails (peut-être trop?). Elle sombre par moments dans le mauvais goût. On comprend que le contenu est tiré, en partie, d'histoires vraies. Or, le sketch sur la femme de ménage mexicaine - qui sent mauvais et se fait «déplumer» sur le plancher de cuisine - est carrément raciste.

Jasmin Roy a toutefois inséré des numéros plus dramatiques, dans lesquels il aborde des thèmes sérieux: le viol (brutal ou insidieux), l'avortement, le sexisme.

Aux deux tiers du spectacle, les interprètes lisent des extraits des réponses au questionnaire sur la première fois, distribué avant le spectacle, de quelques spectateurs. Cela brise un peu le rythme.

L'adaptation de Roy ne lésine pas sur les références aux personnalités et aux émissions québécoises. On se croirait (presque) dans un spectacle de fin d'année, comme Revue et corrigée. Alex Perron, Gabriel Nadeau-Dubois et autres Anne-Marie Losique servent de prétextes aux premières fois des personnages. On mentionne à quelques reprises Éric Salvail. À vrai dire, on formule plus d'hypothèses sur sa libido en cinq minutes que ce que l'animateur a confié en quinze ans de vie publique...

Est-ce vraiment nécessaire?

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Au Monument-National jusqu'au 22 juillet, à 19h. Une tournée québécoise est prévue pour plus tard.