Il nous avait séduit, il y a deux ans, avec la création du Moche, de Marius Von Mayenburg. Gaétan Paré et son Théâtre de Pacotille met en scène un autre texte inclassable, cette fois de l'Autrichien Ewald Palmetshofer. Avec une distribution étoile comprenant, entre autres, Monique Spaziani, Sébastien Dodge et Sophie Cadieux.

À la lecture de ce texte biscornu, on se demande bien quelle mouche a piqué Gaétan Paré pour se lancer dans cette aventure. «C'est le traducteur français du texte Laurent Muhlheisen qui m'a refilé le texte, en me disant que ça m'intéresserait, raconte le metteur en scène. Au début, j'étais incapable de lire la pièce. En fait, ça m'a pris huit mois pour en arriver à bout. Mais j'ai finalement eu un coup de foudre.»

En deux mots, un couple se forme dans un quatuor d'amis. Mais certainement pas celui qu'on pense. Il y a des transgressions et des trahisons. Ce shéma-là est transposé chez les parents. Les six personnages de la pièce défendent chacun leur point de vue sur les événements qui se sont passés. Deux d'entre-eux sont déjà morts. La pièce est faite de plusieurs monologues adressés directement au public, entrecoupés de dialogues, semblables à des discussions de cadre de porte.

Pour Gaétan Paré, Hamlet est mort est une réflexion sur le théâtre, mais aussi sur la vie. «Où en sommes-nous? questionne le metteur en scène. Il y a deux écoles de pensée en théâtre, Stanislavski et Brecht, l'approche naturaliste et la distanciation. Qu'est-ce qui arrive quand on mélange les deux? Quand on créé une situation qui permet à l'acteur d'être dans une distance et dans une vérité. Le meilleur exemple c'est le témoignage dans un procès. Quand on va à la barre des témoins, on est vrai, mais ce qu'on raconte est déjà passé, donc on est en distance. Toute la pièce fonctionne sur ce mode là. Tout a déjà eu lieu.»

Pris dans ce huis clos, les personnages tentent une explication sur les drames qui se sont produits, en même temps qu'ils réfléchissent sur la vie. Certains évoquent notre vide spirituel et ses dérives, d'autres se limitent à la description de la cuisson d'un rôti. «C'est une pièce sur l'inertie, l'amour, les conflits de générations, sur notre quête de sens aussi, nous dit Gaétan Paré. Il y a six visions. Comme metteur en scène, je ne peux pas adopter une d'elles plus qu'une autre. Tout le monde a un droit de parole.»

Mais ce titre, Hamlet est mort, a-t-il quelque chose à voir avec la pièce de Shakespeare? «C'est un clin d'oeil à une forme de théâtre contemporain, complètement aux antipodes du théâtre traditionnel imaginé par Shakespeare. Qu'est-ce que le théâtre devient si on tue Hamlet? C'est un peu la question que pose l'auteur. C'est une clé de lecture et non une adaptation de sa pièce.»

Comme dans Le moche, Gaétan Paré puise dans la matière du récit pour raconter cette histoire avec un minimum d'accessoires. «On n'est nulle part, dans une sorte de salle d'attente. À la fois à l'intérieur et à l'extérieur. On est pris dans un huis clos, forcé de raconter. Après, ça fonctionne, il n'y a que des chaises et des arbustes sur la scène.»

À la suggestion du traducteur français, la pièce a été «québécquisée» par Éric Noël. «Il y a une richesse poétique dans nos sacres et une brutalité grammaticale dans la cohabitation du français avec l'anglais, qui rendent la pièce pertinente. Sur le plan de l'oralité, c'est plus intéressant», dit Gaétan Paré.

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Hamlet est mort. Gravité zéro, du 16 octobre au 3 novembre aux Écuries.