Pandémie, c’est le nom du premier tome de la bande dessinée Green Class, parue aux éditions Le Lombard. On y suit un groupe de jeunes Canadiens qui tentent de survivre aux États-Unis, alors qu’un nouveau virus fait près de 100 000 victimes en deux semaines. Détail : le premier tome a été publié en Europe en février 2019 — bien avant les ravages du coronavirus — et le second, en février 2020. La Presse a joint Jérôme Hamon, scénariste français de Green Class, en confinement sur un bateau dans les Antilles.

La lecture des deux premiers tomes de Green Class est troublante en cette pandémie de coronavirus. D’où vous est venue l’idée de départ, soit l’apparition d’un nouveau virus ?

Je voulais faire prendre conscience au lecteur de notre vraie condition. Malgré toute notre technologie, nous ne sommes pas grand-chose… Ça met aussi l’homme face à sa vraie condition. Une condition biologique. C’est vraiment le cœur de notre histoire.

Quels parallèles faites-vous avec la COVID-19 ? Comme dans Green Class, il n’y a pas actuellement de vaccin contre le nouveau coronavirus.

Toute la problématique que soulève la COVID-19 est bien là, selon moi. Ce virus nous met face à notre fragilité et à la fragilité de notre système. Ça nous met peut-être également face aux limites de la mondialisation et de nos styles de vie. Combien de temps un individu lambda pourrait-il survivre sans nos réseaux classiques d’approvisionnement en nourriture et en eau ? La plupart des animaux savent survivre tout seuls à ce qui leur arrive. L’homme dépend quasiment totalement des réseaux médicaux.

PHOTO FRED TANNEAU, FOURNIE PAR JÉRÔME HAMON

Jérôme Hamon a travaillé comme analyste financier à New York, avant de se lancer dans le milieu du cinéma, des jeux vidéo et de la bande dessinée en France. Il signe notamment les séries Nils, Emma et Capucine et Green Class.

« On finira tous par choper ce putain de virus, dit le personnage de Linda dans Pandémie. La seule chose qu’on puisse décider, c’est la façon dont on va se comporter d’ici là… » Il est important d’agir humainement, même en temps de pandémie ?

Je pense surtout que c’est dans des périodes comme celle-ci que la vraie nature des gens ressort. Il est facile d’être généreux ou gentil avec quelqu’un quand ça ne nous coûte rien… Quand nous nous mettons en danger pour aider autrui, c’est beaucoup plus compliqué. Et oui, bien sûr, pour moi, c’est très important de se comporter humainement.

Il est étrange de lire une œuvre où de jeunes Torontois parlent français comme s’ils venaient des banlieues parisiennes. Ils disent : « c’est trop chelou », « j’ai vraiment la dalle », « j’ai vu une fille vénère », « wesh », etc. On en vient à se dire qu’ils fréquentent sûrement le Lycée français de Toronto. Pourquoi vos personnages sont-ils canadiens ?

Je comprends votre point de vue et vous avez raison. Il aurait probablement été plus judicieux de faire une version canadienne ! J’ai vécu quelques années à New York. L’un de mes meilleurs amis habitait Québec à l’époque. Je suis allé souvent le voir. J’ai adoré Montréal, Québec aussi, les Laurentides… et je suis tombé un peu amoureux du Canada. Il y a d’autres raisons pour lesquelles ce récit se passe aux [États-Unis]. Mais je ne peux pas encore en parler…

Vous êtes en voilier avec votre famille, en Martinique. Est-ce que ça va ?

Oui, ça va ici. Mais les îles ont fermé leurs portes les unes après les autres. Nous sommes en confinement sur le bateau. Nous avons le droit de nous baigner, mais pas d’aller à terre sans raison valable.

Quand la sortie du troisième tome de Green Class est-elle prévue ?

Le tome 3 est prévu en février 2021… Merci de m’avoir donné cet espace pour parler un peu mon travail. C’est vraiment un métier que j’adore. Au-delà du divertissement, j’espère que cette œuvre soulèvera des questions intéressantes pour le lecteur…

Effrayante pandémie

IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

Extrait de Green Class, tome 1 — Pandémie

Après avoir été coupé du monde en classe verte dans les marais de la Louisiane, un groupe de jeunes Torontois se retrouve dans une ville américaine désertée. Un nouveau virus, le HBV2, terrasse la population : il transforme les gens en des sortes de monstres végétaux. Le groupe doit être évacué — sauf Noah, un adolescent dont le test est positif. Sa sœur et d’autres ados décident de rester sur place, dans une zone emmurée, pour le sauver. Sombre et violente, cette bande dessinée difficile à lire en contexte de pandémie de coronavirus célèbre tout de même l’entraide et l’amitié.

Green Class, tome 1. Pandémie, scénario de Jérôme Hamon, dessin et couleurs de David Tako, éditions Le Lombard. Dès 14 ans.

En cavale

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Green Class, tome 2 – L’alpha, scénario de Jérôme Hamon, dessin et couleurs de David Tako, éditions Le Lombard

Depuis six jours, quatre des adolescents de Pandémie errent dans une région dévastée, à la recherche de leur ami infecté et de sa sœur. Ils tombent sur un journal daté du 18 juin 2030, où le président américain annonce une coupure nationale de l’électricité, du gaz et de l’eau. Complexe, le scénario de ce second tome de Green Class fait découvrir plusieurs camps, chez les humains, les infectés et les Géants. C’est toujours apocalyptique et nombreuses sont les questions qui restent en suspens.

Regardez la bande-annonce de L’alpha

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Extrait de Green Class, tome 2 – L’alpha

Green Class, tome 2. L’alpha, scénario de Jérôme Hamon, dessin et couleurs de David Tako, éditions Le Lombard. Dès 14 ans.