L’auteur s’est inspiré de faits réels pour écrire ce roman frappant sur un drame humain qui s’est joué dans la Manche.

Il y a deux ans, un bateau rempli de migrants partis du nord de la France a fait naufrage en tentant la traversée jusqu’en Grande-Bretagne. Des 29 occupants, 27 ont péri, alors que l’un d’entre eux a passé une partie de la nuit à multiplier les appels au secours – circonstances qui ont fait l’objet d’une enquête.

Le roman met en scène l’opératrice (fictive) du centre de sauvetage qui aurait reçu les appels. Interrogée par une enquêtrice de la gendarmerie maritime, elle doit expliquer les raisons pour lesquelles elle a fait croire au jeune homme qui appelait désespérément à l’aide au bout du fil que des sauveteurs iraient les secourir, alors qu’il n’en était rien.

La première partie nous fait entrer dans sa tête, alors qu’elle raconte avec détachement les évènements de cette nuit fatidique et cherche à justifier son inaction ; puis on adopte le point de vue d’un observateur qui aurait été témoin de ce qui se passait sur le bateau, avant de retourner à l’opératrice qui se questionne sur les vrais coupables de cette tragédie. « Je ne suis pas la seule à regarder de loin et à l’abri le spectacle interminable, nuit après nuit, des naufrages », dit-elle.

De fil en aiguille, l’auteur nous amène ainsi à réfléchir sur l’indifférence générale face au sort des migrants. D’une écriture qui donne froid dans le dos, il ose mettre sur papier ce que bien des gens pensent tout bas. Un roman qui résonne comme une gifle, audacieux par sa forme autant que par son propos, et qui redonne à ce terrible fait divers toute sa gravité.

Naufrage

Naufrage

Gallimard

144 pages

7,5/10