Deux frères qui jouent ensemble au basket-ball, font des casse-têtes ou dessinent. Dans de nombreuses familles, ces activités s’inscrivent dans le quotidien ordinaire. Pour certains, elles pourraient même sembler banales. Pas aux yeux d’Anthony Antoniou, jeune auteur du livre pour enfants Le gros problème de Noah.

Pour l’adolescent de 17 ans, jouer avec son frère Constantin a longtemps été tout sauf un jeu d’enfant. « Je ne pouvais pas vraiment communiquer avec mon frère. C’était difficile de pouvoir jouer avec lui », se souvient Anthony Antoniou au sujet de son enfance avec son cadet.

Constantin, 15 ans, est atteint d’une forme assez importante d’autisme, explique sa mère, Johanna Choremis.

« Il n’a pas de conversation. Zéro conversation. Tu ne peux pas lui demander : “Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui ?” », donne-t-elle en exemple.

Constantin comprend des consignes simples et peut répondre à des questions qui portent sur ses besoins, comme « as-tu faim ? », mais il parle très peu.

Enfant, Anthony Antoniou voyait ses amis jouer avec leurs frères et sœurs et il aurait aimé faire de même. Il existait sûrement un moyen d’y arriver, se disait-il, du haut de ses 8 ans.

Le ballon qui rapproche

Inspiré par ce souvenir, l’adolescent a écrit le livre destiné aux enfants de 3 ans et plus, Le gros problème de Noah, paru aux éditions Bayard juste à temps avant la Journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme, célébrée ce dimanche.

Dans ce charmant album illustré par Baptiste Amsallem, on suit l’histoire de Noah et de son frère autiste Gabriel. L’aîné propose une foule d’activités à son cadet : jouer au hockey, se baigner, faire des mimes... Rien ne semble intéresser Gabriel.

Noah se souvient alors que son frère aime beaucoup les ballons. Et s’ils misaient sur cette force et jouaient ensemble au basket-ball ?

Comme dans le livre, c’est grâce à un gros ballon orange que les frères Antoniou se sont rapprochés. « Constantin aime beaucoup, beaucoup les ballons. [...] Il peut passer des heures à simplement jouer avec un ballon », confirme Johanna Choremis. À la maison, les garçons ont même la chance d’avoir un panier de basket-ball intérieur.

Pour une bonne cause

Quel message Anthony Antoniou souhaite-t-il transmettre aux enfants et à leurs parents à travers l’histoire de Noah et de Gabriel ?

J’aimerais qu’ils comprennent que les enfants autistes, même s’ils ont leurs problèmes, ce sont des humains. Ce ne sont pas juste des robots qui ne fonctionnent pas. [...] On peut jouer avec eux. On ne doit pas les exclure.

Anthony Antoniou, auteur du livre Le gros problème de Noah

Le jeune homme n’a pas écrit ce livre dans l’optique de devenir auteur, mais plutôt dans le but d’amasser des fonds pour l’école de son frère.

L’adolescent remet la totalité de ses droits d’auteur à la Fondation À pas de géants, qui finance les activités de l’école du même nom dont la mission est d’offrir des services éducatifs et thérapeutiques aux jeunes ayant un trouble du spectre de l’autisme.

« Mon frère est toujours allé à cette école. C’est une école merveilleuse. J’y ai déjà fait du bénévolat. J’ai beaucoup aimé l’atmosphère. Les gens là-bas aident tellement les familles qui ont un enfant autiste. [...] Je trouvais qu’ils faisaient vraiment une bonne job et je voulais les aider », explique Anthony Antoniou, qui est très fier de ce projet.

La prochaine étape ? La famille Antoniou rêve que le livre soit également publié en anglais afin de sensibiliser un public encore plus grand à l’acceptation des différences.

Avril, mois de l’autisme

Au Québec, depuis 1984, avril est désigné comme le mois de l’autisme. Cette année, la Fédération québécoise de l’autisme souhaite rendre visibles les multiples réalités vécues par ceux et celles qui ont reçu ce diagnostic. À travers les portraits d’Alexandre, d’Alice, de Taoh et de 44 autres personnes, elle veut mettre en lumière la diversité autistique afin de mieux faire comprendre à la population leurs forces et leurs défis.

Consultez le site de la Fédération québécoise de l’autisme
Le gros problème de Noah

Le gros problème de Noah

Éditions Bayard

Dès 3 ans

En savoir plus
  • 2 %
    Pourcentage des Canadiens âgés de 1 à 17 ans qui ont reçu un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme, selon les données de 2019 de Statistique Canada
    Source : Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes
    73 %
    Pourcentage des jeunes autistes canadiens âgés de 2 à 17 ans qui éprouvaient des difficultés dans au moins un domaine fonctionnel (par exemple, la communication, l’acceptation du changement ou l’aptitude à se faire des amis), selon cette même source
    Source : Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes